lundi 11 août 2014

J'ai testé pour vous : l'Open Air à Berlin

Berlin l’été : ses terrasses, ses rooftops, ses djeunz qui se droguent squattent à même le trottoir, son ciel bleu (OK, bleu-gris)… Si vous avez 20 ans (ou plus mais chut… quand on aime on a toujours 20 alors shut the f**k up), vous avez jamais fait un été à Berlin, vous avez raté votre vie. Et oui. Récemment, histoire de me la raconter un peu en mode « chuis une ouf malade, je kiffe la laïfe à Berlin, wesh ma gueule, t’as jamais fait un open air ici, nan mais allô quoi ?! » - vous remarquez au passage que j’ai réussi à caser toutes les expressions de mon « djeunz bingo » dans une seule phrase – j’ai décidé d’aller à au moins UN open air à Berlin. Et OUI, ça fait deux ans que j’habite ici, mais l’an dernier j’étais occupée. J’avais stage intensif de triangle. Bref. Je me motive donc pour cette grande première pour moi.
Comme je ne suis pas du tout spécialiste de la musique électronique à Berlin, je décide de faire confiance, d’une part aux conseils de ce mec qui a l’air de s’y connaître et que je voulais un peu impressionner quand même, ce qui a d’ailleurs bien fonctionné puisque une semaine après c’était mon amoureux (chuis grave une belle gosse) ; et d’autre part à un open air avec tickets achetables à l’avance, histoire de pas me faire refouler à l’entrée après des plombes de queue (oui j’ai développé une Berlino-videur-phobie, maladie gravement anxiogène et très courante ici à Berlin). Me voilà donc, accompagnée de mon fidèle side-kick Soso, encore elle, toute motivée pour un Open Air « au line-up de dingue » (expression à apprendre par cœur et à ressortir sans modération), à savoir un incontournable Fly Watergate Open Air à Rummelsburg, 20 euro l’entrée quand même.

Bon, alors Rummelsburg, je le savais pas, mais c’est LOIN. Évidemment, vu que je ne jure que par les talons hauts et que je n’écoute jamais les bons conseils qu’on me donne, j’étais équipée d’une ma-gni-fique paire de talons de 12 cm, ce qui était une mauvaise idée pour deux raisons – mais n’anticipons pas. Nous voici donc débarquées toutes pimpantes à la S-bahnof de Rummelsburg, optimistes quant à notre capacité à rejoindre l’open air en question au bord de la Spree en quelques minutes à pieds. Ahah. Les deux amateurs. 15 minutes, dans mes rêves. On a bien dû marcher une bonne demi-heure, moi tanguant péniblement sur mes 12 cm, en suant sous un soleil de plomb. Car oui, bien sûr, à Berlin le ciel n’est voilé avec un petit vent rafraîchissant QUE quand on décide d’aller à la piscine et qu’on grelotte comme une conne à la Badeschiff, cheveux dégoulinants, peau de poulet fraîchement plumé et tétons qui pointent sous le maillot à l’appui. Selon la loi de l’emmerdement maximum, quand on doit se taper des kilomètres à pattes, il fait chaud, le soleil tape vicieusement, et il n’y a pas un souffle d’air. 

Mais bon voilà, ça m’apprendra à ne pas me renseigner sur les tram. Il s’avérera plus tard qu’il y en a un qui s’arrête à 200 mètres de l’entrée et qui mène directement à la gare, bien fait pour ma pomme. Nous voici donc à l’entrée, munies de nos tickets (merci ResidentAdvisor), et on rentre là-dedans comme un couteau dans du beurre ou une bite dans un Tenga-egg (je viens de lire un article sur MadMoizelle, disons que ça m’a marquée).

Premier constat : les talons c’était vraiment un (très) mauvais choix. Déjà, à cause des kilomètres de marche à pied. Et puis, surtout, parce qu’une fois arrivée je me rends compte qu’au sol, c’est du sable. Marcher en talons dans du sable requiert des talents de danseuse étoile qui me font clairement défaut. Je vais donc passer les quelques prochaines heures à vainement tenter de marcher sur la pointe des pieds, et à laisser des petits trous ronds et régulièrement espacés derrière moi histoire que tout le monde puisse me suivre à la trace (ou se foutre allègrement de ma gueule, c’est au choix, c’est cadeau, ne me remerciez pas).

Deuxième constat : on m’avait dit « Open Air », et moi j’avais compris « Garden Party ». Je m'attendais à une grande pelouse au bord de la Spree où les gens sont allongés nonchalamment à l'ombre des arbres et sirotent un verre de blanc glacé en écoutant la musique en mode « chill out ». Idéalement, j'imaginais aussi des petits fours et quelques sofas disséminés en bord du fleuve. Je regrettais déjà de ne pas avoir d'ombrelle en dentelle pour finir de jouer à Jane Austen. Grossière erreur. C’est Berlin ici ma cocotte. Laissez-moi donc vous planter le décor. Sur une plage de sable artificielle (et pas du tout au bord du fleuve d’ailleurs) est posée une estrade surélevée sur laquelle les DJ se succèdent pour envoyer leur son. L’audience de hipsters, telle un champ de tournesol, s’oriente en direction de la  scène en se déhanchant spasmodiquement au gré des samples. Régulièrement, ils retournent s’approvisionner en alcool et se pressent autour d’un bar où des barmen débordés vous demandent sèchement ce que vous voulez après un quart d’heure passé à leur agiter désespérément un billet sous le nez. [Parenthèse : le problème à Berlin, c’est que les barmen sont gays. Ça ne sert donc à rien de poser son décolleté sur le rebord du zinc en espérant être servie la première. Parfois Paris me manque (mais seulement parfois)] Ça et là, quelques convives ivres morts dorment à même le sol. Pour la Garden Party à dentelle, coupe de champ’ et nœud-noeud, vous repasserez.

Troisième constat, qui découle directement du second : ma robe d’été rouge tendance fifties n’était pas exactement appropriée. J’ai cru sentir comme un signe marqué "attention, intrus !" sur mon front. Je m'attendais limite à entendre les sirènes se mettre en marche en mode "warning, warning ! Intruder has been sighted ! This girl is NOT a hipster. I repeat: this girl is NOT a hipster! Do NOT try to initiate conversation with her!" Tous les mecs étaient en jean et T-shirt sombre (OK, en tant que mec y'a pas tant de choix que ça, mais ils auraient pu faire un effort sur la couleur du T-shirt), éventuellement avec une casquette (à visière plate bien entendu, hipster oblige). Quant aux filles, c'était jean slim ou legging. Alors bon, certes je suis une bitch, mais pardon, ces trucs là ça ne va pas à tout le monde. J'avais envie de sortir un signe géant avec marqué "Please dress according to the body you have, not the body you wish you had" – mais d’une j’avais pas préparé de pancarte, de deux j’avais déjà peur de me faire virer. Pour ces demoiselles aussi, le T-shirt sombre semble un must have,  de préférence assez lâche (vous savez, la mode de ces débardeurs qui ont l'air d'être 4 tailles trop grands et dont les emmanchures sont tellement larges qu'on voit le soutien-gorge sous les bras ?). J'ai quand même noté un effort côté accessoires : certaines filles avaient des diadèmes, des couronnes de fleurs, des chapeaux (le plus souvent noirs) ou des maquillages marrants à paillettes.

Bon, maintenant que j’ai bien râlé – oui bon, j’ai fait ma française, quoi – je dois l’admettre : la musique était top. Même en y connaissant que ‘tchi en électro, là on était sur de la house jolie, mélodique, le sound system était bien fichu avec un son homogène tout autour du lieu, des belles basses, et, les gens n’étant visiblement pas venus pour draguer, on pouvait gentiment danser tranquille (ceci dit, vu comment je suis douée pour repérer les subtilissimes méthodes de drague à l’allemande, la moitié du dance floor aurait pu être en train de me faire les yeux doux que je ne m’en serais jamais rendu compte de toutes façons). C’était fin, c’était happy : tu vois l’électro du Trésor ? Bah tu traces un cercle, tu la places sur la circonférence ; ensuite tu traces un diamètre qui relie ce point à l’opposé du cercle, et là tu peux placer la musique de cet open air. Pour quelqu’un comme moi qui n’y connaissais rien, c’était une bonne introduction.

Voilà, je vous épargne le retour – tout le monde s’en fout, pas la peine de se faire des politesses, on est entre nous. Le bilan, malgré quelques mésaventures fringuistiques, étant largement dans le vert, je compte me laisser tenter par d’autres open air ; par ailleurs, j’ai depuis eu l’occasion de tester quelques autres possibilités de danser dehors par temps chaud (les live sur le rooftop du Weekend, le ://about blank, les soirées organisées par le Wilden Renate en plein air au Else), et on m’en a recommandé quelques autres (le Sisyphos, le Kosmonaut) que je compte bien étrenner rapidement. L’été touchant à sa fin, je vous enjoins à ne pas laisser traîner en longueur et à vous dégoter deux ou trois open air sympa à vous mettre sous la dent avant la fin août.

 by Camille

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