Inglorius-basterds.tumblr |
Vous avez beau adorer votre vie
berlinoise, il vous arrivera inévitablement de devoir revenir vers la mère
patrie. Et donc, lors de la réunion debriefing que vos amis auront organisée en
votre honneur, il y a trois questions auxquelles vous ne pourrez échapper :
« 1) bon alors, ça y’est tu parles schleuh ? Dis un truc pour
voir ? Ah ouais… Putain, qu’est-ce que c’est moche ! 2) T’as
pas eu trop de problèmes là-bas, vu que Dieu ne t’a pas conçue sur le modèle
Aryen ? Ils n’ont pas essayé de te la jouer remake de « Frontières » ?
3) Nan mais tais-toi, on s’en fout nous de tes trucs culturels et de leur mur
qu’ils n’arrivent même pas à protéger, on veut du concret : bons
coups ? Et surtout… quid de la drogue ? »
La drogue donc (ne soyez pas
déçu, la question du « bon coup » n’est que partie remise). Ne faîtes
pas les innocents : vous êtes à Berlin, ne nous dîtes pas que cela ne vous a pas traversé l'esprit, surtout si vous êtes dans votre vingtaine (et nous ne ferons qu'évoquer le cas "Erasmus", catégorie à part.
D’ailleurs, ami venu d'ailleurs pour 6 mois berlinois, si tu n’as pas à atteint le niveau « expert » dans ce
domaine et expérimenté toutes les joies qui en résultent, tu es en train de
passer à côté ce qui pourrait s’avérer les plus beaux mois de ton existence).
La sulfureuse réputation de Berlin ne s’est pas amoindrie à ce sujet, en atteste les récriminations de vos parents à l’annonce de votre départ pour (sic): « cette ville de
camés. Non mais tu te rappelles à quoi ressemblait Bowie quand il vivait là-bas
(les addictions de David, encore un coup des boches) ?? ». Loin de
nous l’idée de faire ici l’apologie d’une pratique illégale. Mais bon, dans un
souci de pragmatisme et au cas où vous vous retrouviez contraint et forcé de
vous y mettre, autant être préparé. Et puis, qui sommes-nous pour verser dans la
diabolisation ? Comme l’a professé ce génie moderne répondant au doux patronyme de Blake
Lively : « drug is bad. But in a bad bad world, it just gets
good » (Platon, Kant et toute la compagnie de mous du ciboulot,
agenouillez-vous devant votre maître).
Où.
Fear & Loathing in Las Vegas |
Pour être tout à fait honnête, nous
désirions rédiger un truc bien glauque à la Vice (oui, la terrible frustration de
ne pouvoir balancer des titres mirobolants du style « comment bien s’habiller pour aller aux putes »…). Quelque chose de pratico-pratique,
un beau « comment se saper pour choper de la drogue à Berlin » se déclinant en tenues plus improbables et vulgaires les unes que les autres. Première
limite : après trois secondes de réflexion, une
évidence nous est revenue à l’esprit : comme l’a
parfaitement résumé M. Lagarfeld qui sait doublement de quoi il parle, Berlin
et la mode, c’est 0, nul, rien-du-tout. Mais puisqu’il en faut plus
pour nous décourager, nous avons interrogé un expert, un vrai berlinois, le
fameux hôte/boyfriend/whatever. Qui
nous a littéralement ri à la gueule (« alors ça c’est bien une idée
de française de penser à la manière de s’habiller pour choper de la drogue… Nan
mais allô quoi !! »). Alors nous lui avons demandé si, à part en
boîte (mention spéciale au Berghain et ses cocktails à la MD, au Katerholzig et
ses « toilettes spéciales » ou à la VollShön et sa pièce réservée)
il existait des endroits particuliers pour se fournir, un équivalent berlinois
du kébab du coin dans notre 9-3, qui à partir de 22h30 se transforme en
laboratoire de meth’ et t’offre en prime, pour toute commande, le
salade-tomate-oignons si gentiment demandé. Ou alors un truc de gangster westocast avec des sneakers accrochées à
un fil électrique comme dans The Wire.
Il a été infoutu de nous répondre. Non pas parce que ça ne se trouve pas, mais
parce qu’en bon berlinois qui se respecte, trouver de la drogue, ça
fait 20 ans que ce n’est plus un problème (« bah je ne sais pas moi, va
demander à ton voisin de palier, pourquoi tu te prends la tête comme
ça ?? »). En somme, si vous n’avez pas trop envie de passer par la
case « recherche de dealer », sociabilisez avec les autochtones.
Encore mieux, tapez-vous – et restez avec – un berlinois : ça sera buffet
à volonté.
Comment.
The Simpson |
Car à part présenter une belle
gueule (et éventuellement faire dans le jeu de rôle sexuel chelou. Man kann nicht immer Glück haben), le berlinois est, dirons-nous dans un
euphémisme poli, un consommateur assidu. Attention, pas un camé glauque ; il ne touche par exemple pas régulièrement à l’héro, crack et
compagnie: faudrait pas non plus abîmer sa jolie petite frimousse. C’est un
camé sexy. D’ailleurs, le berlinois parvient à des stratagèmes extrêmement
élaborés pour rester good-looking
tout en étant parti très loin au pays d’où on ne revient que très difficilement
(« alors tu vois, la kétamine, faut pas la prendre que d’une narine, parce
que sinon t’as l’air complètement paralysé que d’un côté, et le look « je
viens d’avoir un AVC » c’est bon pour les touristes américains. Alors que
si tu répartis bien, bah en soi t’auras toujours l’air hyper con, mais au
moins, ça sera équilibré »). Subsistent toujours les exceptions, le pote
relou trop aware qui jauge ses petits
camarades d’un œil réprobateur et radote que la « drogue c’est
mal » en achevant sa 1582ème cigarette de la journée.
Le berlinois est un drogué hardcore
sans le paraître, il vous rétorquera que cela tient presque de l'exception culturelle (se
prendre des rails de speed un dimanche matin avant d’aller au Berghain ? C’est
normal, ça relève le goût du petit-déjeuner). De fait, à Berlin, vous pourriez
embrasser la force sociabilisante que la drogue peut présenter dans son sens le
plus puissant, et ce comme nulle part ailleurs. Par exemple, vous venez de
rencontrer ces mecs avec qui vous passez une bien belle soirée ; il ne
faudra généralement pas longtemps avant que l’un d’eux vous propose
gratuitement du speed en pâte (à défaut de vous payer un verre), qu’il coupera en l’étalant comme du ciment sur
le marbre sale du mur des toilettes. Et puis de l’extasy, il y’en a toujours qui
traîne dans le fond du portefeuille. Bref, de bien belles soirées passées à
refaire le monde (et le marbre des chiottes) en perspective.
Dans le contexte d’une fête bien
entamée, le berlinois a néanmoins une façon de taper bien différente de son
alter égo maléfique, l’anglais. Les deux consomment autant, le berlinois même
beaucoup plus, les clubs étant ouverts bien plus longtemps (imaginez l’état de
l’Angleterre si les boîtes ouvraient tout le week-end… l’Apocalypse. Au cube).
Mais là où l’anglais consomme de la drogue pour cramer la mèche par les deux bouts
encore plus rapidement, le berlinois préfère rester allemand et conserver tout son sens
de la retenue coincée. Personne entrain de nager la brasse sur le dancefloor à
Berlin ; ah bah non, ici, on est défoncé mais digne (et finalement assez boring, admettons-le). Au plus fort de la
fête, le berlinois a tendance à se terrer dans son petit univers hermétique à
toute présence étrangère, quitte à faire complète abstraction du monde
alentour. Ce qui peut donner lieu à des scènes quelque peu flippantes, où
clairement le mec par terre en face de vous ne respire plus, mais tout le monde
s’en branle parce que percer sa petite bulle pour venir en aide apparaît comme un
effort bien trop conséquent. Pour faire dans l’anthropologie de café du
commerce, ce n’est pas pour rien que la kétamine, drogue ayant pour effet l'autisme
complet et la perte de tout contrôle de son propre corps, est tellement en vogue ici. Ce n’est pas non plus pour rien qu’à Berlin, est préférée la musique qui
ne se dance pas: pas besoin de shacker son bouty quand on est seul dans son petit monde
interne.
Infinity |
Quoi.
Comme partout, l’aire yuppie de
la cocaïne touche à son terme, remplacée progressivement par le speed, son
double prolo et sale. Berlin ne déroge pas à la règle. Quelques spécialités à
noter, avec une mention spéciale et félicitations du jury à la MD noire (à lire
avec la voix de Jean-Pierre Pernault en tête :« aaah les spécialités de nos
campagnes… »), sorte de version maléfique de la MD normale, tellement
forte qu’elle se sent à l’haleine, et qui vous fera grimper aux rideaux avant
même que vous n'ayez pu finir votre sempiternelle : « nan, mais moi je
ne… sens… ri….iiiiiieeeeennnn !!!». De plus, l’effet dure très longtemps.
Sinon, à Berlin, méfiez-vous des pilules ; à coté, ce qu’on vous sert en
France c’est de l’ibuprofène. Surestimez vos capacités pourrait vous amener à passer
trois jours en mode Raoul Duke dans ses pires moments et une semaine entière à
ne rien pouvoir ingurgiter parce que vous vous serez littéralement rongé les
lèvres (« dis donc tu vas bien ? – Moi ? Nikel. J’ai bien essayé
de fusionner avec le mur, mais ça va. Et puis un moment j’ai eu une petite
dissociation de personnalités en 48 individus dans ma tête. Mais c’est bon là.
On va beaucoup mieux »). Vous pourriez aussi finir à moitié à poil à
chasser le pigeon. Pour citer ce cher Mr Duke: Why not ?
by Juju.
by Juju.
Alors : je vis à Berlin et mon mec est..hmm. BERLINOIS.
RépondreSupprimerAlors comment dire..je me suis bien reconnue XD
(pas dans TOUT nan plus hein :-)).
Un grand merci pour cet article très bien rédigé (tout comme les autres d'ailleurs) j'me suis bien marrée
Haha quel bon résumé, c'est exactement ça. À noter qu'il reste facile de reconnaitre les jeunes Français en Open air car se sont les seuls à se planquer dans un buisson pour fumer un joint. Alors que tout le monde sait que c'est sur le dancefloor après un "passage" aux toilettes qu'il apprécie le mieux.
RépondreSupprimerVécu 3 mois là-haut, bien que je n'aie pas touché à la Keta, le reste c'est exactement ça ! Vous pouvez rajouter les chiottes du Tresor, avec son petit tablard prévu juste bien à la bonne hauteur pour faire ses traces tranquillement :-) !
RépondreSupprimerAhhhh Berlin, ich liebe dich
Le TRESOR ♥
SupprimerAller a Rotterdam et Amsterdam, c'est de la que tout vient en Europe vous serais pas déçue c'est vraiment hardcore.
RépondreSupprimerVous prenez réguilérement de la M et du speed en soirée ou vous tenez sans? juste pour savoir si c'est possible
Merci d'avence
Héhé merci pour les tuyaux. Pour la régularité de la consommation, ca dépend des gens... Mais on ne connait pas grand monde qui tiend 30h au Kater en buvant de l'eau ;-)
SupprimerMon dieu l'article de ouf jai kiffer vive la drogue bordel take MDMA et fuckindanceeeee
RépondreSupprimerBonjour un conseil pour trouver quelque chose facilement sans prise de tete ? Genre au berghain ou autres
RépondreSupprimerEn général vers les toilettes - ou les darkrooms - (ou juste attends au milieu de la salle, les mecs passent pour "héler le chaland" comme on dit). Ou Görlitzer Park. Good luck ;)
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