

Cette espèce particulière sait donc que
rester les fesses vissées sur les banquettes du Berghain, en s’enfilant des
demi-litres d’Effi et en racontant des blagues avec ses autres potes
comparablement avinés ; ou bien que faire des blagues potaches à ses BFFs
tout en geekant sur son nouveau Samsung à la soirée de notre amie commune
Sophie - toute ressemblance à des personnages existants ou ayant existé est
purement (pas) fortuite - n’est pas la meilleure manière de faire craquer les
jolies donzelles en jupette que nous sommes, et que ce qu’il risque de récolter
avec cette attitude anti-flirt, c’est surtout de l’allemande de l’est au degré
de désinhibition directement proportionnel au nombre de shots de Jäger
ingurgités et aux mèches assorties à la couleur de ses doc Martens /
chaussettes / T-shirt (rouge-vert-bleu). Pas exactement la classe
internationale à laquelle il aspire depuis son séjour à HEC Montréal ou
Polytechnique Phnom Penh. Il a donc appris à se sortir les Fingern du Arsch, et
à aller pêcher la sirène tout seul comme un grand.
A quoi pouvez-vous donc vous attendre en rencontrant cet héritier du Deutsche
Romantik, descendant en ligne direct de Goethe ? Eh bien, à de la vraie drague de haut niveau.
Vous regarder dans les yeux, sourire, s’intéresser à vos études (« vraiment,
tu es étudiante en graphisme ? Comme c’est original ! ») et/ou à
votre métier (« oh, moi aussi j’aurais adoré être agent de call-center, le
contact humain c’est ce qu’il y a de plus enrichissant »), rigoler à vos
blagues (« La moitié d’un tout c’est 3 mètres, car le tout c’est de s’y
mettre ? Ahahahah vraiment vous, les françaises, vous êtes tellement
subtiles et drôles » - oui j’ai pêché cette blague la semaine dernière sur
Facebook, et alors, y’a pas de copyright dessus que je sache ?), vous flatter
honteusement sur la beauté de votre robe, bref, j’en passe et des
meilleures : Fritz/Stephen/Jan (barrer les mentions inutiles) ne reculera
devant rien pour vous séduire. Et, avouons-le, c’est rafraîchissant. Après des
mois à ramer comme une galérienne pour que votre voisin de bureau daigne vous
inviter à prendre un verre (malheureusement il avait aussi invité la moitié de
votre open space, plan drague à l’eau, retour à la case départ), vous re-voici
dans les souliers de la Princesse que vous n’avez jamais cessé d’être au fond
de votre petit cœur (mais dont l’image a été sérieusement mise à mal par 6 mois
passés à naviguer laborieusement les couloirs sombres du Trésor à la recherche
d’un prince charmant). Ajoutez à ceci le fait qu’il est grand/blond/aux yeux
bleus/tout plein de petits muscles mimis qui font des bosses mimis aux endroits
stratégiques (les pecs/les biceps/les épaules), vous voici donc tout près de
répondre « oui » à la demande en mariage qui selon vous ne saurait
tarder et à « ça » de lui proposer de choisir ensemble dès à présent
les prénoms de vos futurs bambins franco-germains (Jean-Björn et Marie-Gudrun).
Malheureusement, car malheureusement il y a, réveillez-vous les cocottes on
est au 21ème siècle, vous croyez encore à Leonardo di Caprio époque
Titanic, öder ? Malheureusement, donc, il y a un hic. Car, en même temps
que Johann-Friedrich a découvert les beautés de la femelle française, il a
aussi intégré que contrairement à la Wollmütze de Prenzlauer Berg, toujours
prête à clamer haut et fort que son corps n’est pas un objet et qu’elle entend
qu’on examine à la loupe sa richesse intérieure avant de s’intéresser à ses
attributs reproductifs, la version française est un tantinet plus décomplexée
et qu’il y a de fortes chances pour qu’elle soit aussi open-minded que ses
discussion sur le fétichisme et les vertus du yoga pour assumer le port des
talons aiguille sans se péter le dos le laissent supposer. Rendez-vous donc à
l’évidence : Johann-Friedrich, tout passionné qu’il est, cherche probablement
juste un plan cul avec une brunette ouverte d’esprit.
Arf flûte de zut.
Franchement, si c’était pour tomber sur des serial-dragueurs, on aurait mieux
fait de rester à Paris ou d’aller passer la Toussaint à Milan.
by Camille A.
Merveilleux. Vous ne traduisez pas vos articles en allemand, n'est-ce pas ? C'est pour mon amoureux, teutonesque à souhait, qui ne jure que par ses potes et sa bière, mais est également un bel exemple d'allemand international qui a saisi le concept de l'intérêt pour la personne et qui m'a même un jour je crois dit quelque chose comme "I like your DRESS". C'est beau la diversité humaine, quand même.
RépondreSupprimer