samedi 29 mars 2014

#Drague - Une sous-espèce méconnue du mec allemand : l’allemand international

Celles qui ont lu les articles sur la drague à Berlin, ou qui ont-elles-mêmes pratiqué la branchouille in vivo à Ritter Butzke le savent : pour draguer un allemand, mieux vaut mettre de côté toute idée (de toute façon réac) de décence, de pudeur, et autres conceptions néo-romantiques qui voudraient qu’un homme, ça doit être chevaleresque et vous inviter au resto une paire de fois avant que la sacro-sainte (mais souvent transgressée) règle du « jamais avant la troisième date » s’applique et que vous puissiez, tout en restant une lady, sauter en toute impunité sur le kiki du Don Juan. Un Allemand, ça se travaille au corps, avec aussi peu de subtilité que possible, sinon c’est simple : ça vous capte pas, et ça passera la soirée à confondre vos œillades énamourées avec le regard flou de la femelle avinée qui n’aspire qu’à remuer ses pieds mollement sur de la techno avant de rentrer gentiment se pieuter, seule, sur le coup de 6h du matin.

Eh bien, j’ai rencontré l’exception. Enfin, les exceptions. Donc bon, comme ça commence à en faire quelques-uns, c’est plus vraiment exceptionnel, et c’est pourquoi on les érigera en sous-espèce de l’homme allemand ; j’ai nommé : l’allemand international. Qu’a-t-il de si spécial cet allemand international ? Eh bien, contrairement à son confrère Berlinois pur jus, élevé au bon grain (bio) et accouplé à de la teutonne pure race (Bertha), celui-là a élargi ses horizons à un moment donné de son parcours (évidemment accompli en chaussures de rando Jack Wolfskin et sac à dos Geographical Norway) et est allé voir comment ça se passe outre-rhin ou outre-Atlantique. Il a donc eu l’occasion de se frotter à de la mamelle américaine, asiatique ou encore française. Et donc, et c’est LA qu’est la différence, il a découvert les vertus de la drague non germaine. Et, en même temps que cette manière (révolutionnaire) d’exprimer son intérêt à la belle de ses pensées (sourire-parler-s’intéresser, le trio séduction de choc complètement contre-intuitif pour l’habitant de Kotti moyen), il a également découvert que, au-delà des frontières de Kreuzberg, les filles mettent des talons, des robes, et n’ont même pas honte de penser que la beauté intérieure s’exprime d’autant mieux qu’elle est relayée par une beauté extérieure. Forcément, ça a fait tilt dans ses synapses, et il s’est découvert instantanément une passion pour les Erasmus et autres expats.


Cette espèce particulière sait donc que rester les fesses vissées sur les banquettes du Berghain, en s’enfilant des demi-litres d’Effi et en racontant des blagues avec ses autres potes comparablement avinés ; ou bien que faire des blagues potaches à ses BFFs tout en geekant sur son nouveau Samsung à la soirée de notre amie commune Sophie - toute ressemblance à des personnages existants ou ayant existé est purement (pas) fortuite - n’est pas la meilleure manière de faire craquer les jolies donzelles en jupette que nous sommes, et que ce qu’il risque de récolter avec cette attitude anti-flirt, c’est surtout de l’allemande de l’est au degré de désinhibition directement proportionnel au nombre de shots de Jäger ingurgités et aux mèches assorties à la couleur de ses doc Martens / chaussettes / T-shirt (rouge-vert-bleu). Pas exactement la classe internationale à laquelle il aspire depuis son séjour à HEC Montréal ou Polytechnique Phnom Penh. Il a donc appris à se sortir les Fingern du Arsch, et à aller pêcher la sirène tout seul comme un grand.

A quoi pouvez-vous donc vous attendre en rencontrant cet héritier du Deutsche Romantik, descendant en ligne direct de Goethe ? Eh bien, à de la vraie drague de haut niveau. Vous regarder dans les yeux, sourire, s’intéresser à vos études (« vraiment, tu es étudiante en graphisme ? Comme c’est original ! ») et/ou à votre métier (« oh, moi aussi j’aurais adoré être agent de call-center, le contact humain c’est ce qu’il y a de plus enrichissant »), rigoler à vos blagues (« La moitié d’un tout c’est 3 mètres, car le tout c’est de s’y mettre ? Ahahahah vraiment vous, les françaises, vous êtes tellement subtiles et drôles » - oui j’ai pêché cette blague la semaine dernière sur Facebook, et alors, y’a pas de copyright dessus que je sache ?), vous flatter honteusement sur la beauté de votre robe, bref, j’en passe et des meilleures : Fritz/Stephen/Jan (barrer les mentions inutiles) ne reculera devant rien pour vous séduire. Et, avouons-le, c’est rafraîchissant. Après des mois à ramer comme une galérienne pour que votre voisin de bureau daigne vous inviter à prendre un verre (malheureusement il avait aussi invité la moitié de votre open space, plan drague à l’eau, retour à la case départ), vous re-voici dans les souliers de la Princesse que vous n’avez jamais cessé d’être au fond de votre petit cœur (mais dont l’image a été sérieusement mise à mal par 6 mois passés à naviguer laborieusement les couloirs sombres du Trésor à la recherche d’un prince charmant). Ajoutez à ceci le fait qu’il est grand/blond/aux yeux bleus/tout plein de petits muscles mimis qui font des bosses mimis aux endroits stratégiques (les pecs/les biceps/les épaules), vous voici donc tout près de répondre « oui » à la demande en mariage qui selon vous ne saurait tarder et à « ça » de lui proposer de choisir ensemble dès à présent les prénoms de vos futurs bambins franco-germains (Jean-Björn et Marie-Gudrun).



Malheureusement, car malheureusement il y a, réveillez-vous les cocottes on est au 21ème siècle, vous croyez encore à Leonardo di Caprio époque Titanic, öder ? Malheureusement, donc, il y a un hic. Car, en même temps que Johann-Friedrich a découvert les beautés de la femelle française, il a aussi intégré que contrairement à la Wollmütze de Prenzlauer Berg, toujours prête à clamer haut et fort que son corps n’est pas un objet et qu’elle entend qu’on examine à la loupe sa richesse intérieure avant de s’intéresser à ses attributs reproductifs, la version française est un tantinet plus décomplexée et qu’il y a de fortes chances pour qu’elle soit aussi open-minded que ses discussion sur le fétichisme et les vertus du yoga pour assumer le port des talons aiguille sans se péter le dos le laissent supposer. Rendez-vous donc à l’évidence : Johann-Friedrich, tout passionné qu’il est, cherche probablement juste un plan cul avec une brunette ouverte d’esprit. 



Arf flûte de zut. Franchement, si c’était pour tomber sur des serial-dragueurs, on aurait mieux fait de rester à Paris ou d’aller passer la Toussaint à Milan.

by Camille A.

1 commentaire:

  1. Merveilleux. Vous ne traduisez pas vos articles en allemand, n'est-ce pas ? C'est pour mon amoureux, teutonesque à souhait, qui ne jure que par ses potes et sa bière, mais est également un bel exemple d'allemand international qui a saisi le concept de l'intérêt pour la personne et qui m'a même un jour je crois dit quelque chose comme "I like your DRESS". C'est beau la diversité humaine, quand même.

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