samedi 14 décembre 2013

L'hiver à Berlin, le summum du cool

En ce jour de décembre, nous dédions cet article à une réalité qui aurait pu vous échapper. Et oui à Berlin, Winter is coming. Ou plus exactement,  il n’est plus en train de coming du tout, il est bien là, fermement installé, et ce pour les 6 prochains mois. Des vents glaciaux à vous faire compatir avec les troupes napoléoniennes durant la campagne de Russie, un ciel laiteux étouffant laissant place à une nuit noire à partir de 16h… Bref, vous aurez vite fait de perdre tout capital social, submergée par le désire irrépressible de vous tapir chez vous, de survivre sur un stock de soupes bon marché Netto et d’entamer une relation passionnelle avec votre lit (et votre rabbit). En somme, le suicide pointe. Mais bon, afin de casser la monotonie de la complainte totale et permanente, nous avons relevé quelques éléments réellement positifs (???) propres à l’hiver berlinois. 
Avant d’entamer cette liste  - que nous espérons non exhaustive - de points "Vive l'hiver!", revenons à notre problématique principale et tentons de pragmatiquement y répondre .

Le froid. Ça mord et brûle au point de vous faire rebrousser chemin même dans vos moments de grande motivation : « Lassen uns spazierengehen, youhou !! ». A votre arrivée à Berlin pourtant, le positivisme prévalait : on s’habitue à tout, if Britney made it through 2007 I can make it through winter, ce n’est pas pour longtemps, le froid c’est bon pour la peau. Les trois premiers arguments ont malheureusement été balayés par votre patron très german dès votre première année berlinoise: « oh sweetheart (oui il disait ça. Bizarre ces allemands), mais tu crois qu’on s’y habitue ? Je suis depuis 15 ans à Berlin et c’est toujours une torture ». Thanks, Danke, merci mec. Et puis pour l’argument concernant l'hygiène faciale… En effet, le vent sibérien va vous rafraîchir l'épiderme pendant une heure ; ensuite ce sera peeling involontaire et momification.


Une seule – et évidente – solution : faire exploser les watts de chauffage dans votre bel appart. Énorme nuage à l’horizon estivale : si vos colocs sont berlinois, ces derniers auront tôt fait de mettre en place un agenda drastique quant à l’utilisation des radiateurs. Ne pas le respecter serait comme se moquer du putzplan, ou se planter dans le tri sélectif entre les 27 poubelles: incident diplomatique en vue, Panzer et grosse Bertha sur le qui-vive. Plusieurs possibilités : soit vous avez le saint statut de « freelance » et vous vous en battez les reins : vous vous arrangerez pour rester à l’appart quand vos colocs n’y seront pas. Soit vous êtes étudiant branleur (bonjour pléonasme), un warrior des temps modernes, et le froid, à part les chocs de température occasionnés par une surconsommation de drogues, vous ne connaissez pas. Mais en général et malheureusement pour vos frileuses petites miches, il y a de grandes chances pour que vos colocataires, en bons berlinois qui se respectent, n’aient pas fini leurs études et aient donc tout le temps du monde pour honteusement squatter l’appartement commun, vous laissant dans l’impossibilité d’abuser du chauffage en toute impunité.

Comment vous en tirer : adopter la méthode infaillible du « R.A.B ». Allumez joyeusement le chauffage comme s’il s’agissait de buter tous les ours survivants du Pôle Nord et les pingouins du zoo de Vincennes, faîtes grimper les degrés assez pour vous promener dans une tenue d’Eve dont l’inexistence ferait pâlir de jalousie Miley Cyrus, rajoutez à l’ambiance tropicale en faisant péter la sono caliente-beauf-Palavas-les-flots « il va y avoir du spôôôrt » (faîtes vous livrer des palmiers pour l’occasion). Quand votre colocataire débarquera les yeux exorbités et la bave au coin des lèvres, deux réactions s'offrent à vous. 
-  Tout d’abord,  niez en bloc. Les allemands ne parviennent pas à correctement gérer le mensonge, surtout s’il s'accompagne d’une absurdité absolue ; tout comme l’humour, c’est une déviance verbale et une déformation de la réalité très difficilement prise en compte par leur entendement droit et supérieur. Malgré la vision du bug total que votre réponse engendrera sur le beau visage teuton, refrénez vos zygomatiques, restez stoïque, ne riez pas. Ajoutez un nonchalant : « Bah non ce n’est pas moi. Et puis c’est bon, il ne fait pas si chaud, tu as peut être de la fièvre », surlignez le tout par un haussement de sourcils et un piaillement de biatch, retournez lire votre Cosmo en sirotant votre rosé. Explosion des fusibles cérébraux, synapses tout Feuer und Flamme, retour hébété dans ses pénates, K.O assuré.                                                                                          
 -  Deuxième attitude possible : avouez votre méfait. Mais là, vous courrez le risque de vous prendre remontrances à outrances, réunion de WG à vous faire regretter les engueulades de vos parents au moment du divorce, et tutti quanti. Ou alors, avant que votre coloc n’ait pu rajouter quoi que ce soit, dégainez le fourbe et fatal : « c’est soit ça, soit je ramène un mec tous les soirs à la maison pour me réchauffer. Et je m’arrangerai pour te le faire BRUYEMMENT savoir ». Avec un peu de chance, l’effroi de voir son petit confort explosé par vos performances vocales pourrait le faire céder. A tenter.

Mais sans plus attendre, rentrons dans le vif du sujet. Roulements de tambour…

Les avantages de l’hiver :

1) Vous pourrez zoner dans votre lit à marathoner sur vos séries sans culpabilisation aucune. Invitez vos autres potes frenchies-frileuses-marathonneuses et ce sera la garantie d’épiques soirées (dernière trouvaille en la matière: Masters of Sex... Nous vous laissons juger du potentiel "chaleur" de cette petite perle télévisuelle).

2) Malheureusement, à Berlin (et ce n’est pas faute d’avoir cherché), le mammouth et le Wookie sont des espèces rarissimes. Du coup, histoire de compenser en terme vestimentaire, vous détenez une excuse en or pour dévaliser ASOS et Urban Outfitters (acheter les stocks complets de leggings polaires made in Primark également, cela pourrait vous sauvez la vie). Votre compte en banque famélique n’aura même pas son mot à dire. Ne laissez pas vos forts louables intentions se faire violemment zlatanner par la fourberie verbeuse de votre hôte/boyfriend/whatever : « mais je ne comprends pas trop ta logique, vu que tous les hivers c’est le même refrain. Tu les bouffes, tes fringues ?». Répondez simplement dans un regard de dédain que le froid berlinois est une espèce qui mange les vêtements, oui oui absolument, et qu’on n'est jamais trop prudente. Et au cas où vous ne seriez pas d’humeur consumériste, la faune berlinoise est encore plus moche et mal habillée que d’habitude ; au diable donc vos complexes de sortir vêtue en cosmonaute ou en pyjama. Ou en Wookie.

3) Testez l'intégralité des saunas de Berlin (Stattbatt Neukölln, Badeschiff, Liquidrom, Saunabad, toilettes du Berghain). Vous pourrez assouvir vos pulsions pour tout ce qui est moite et exhibitionniste. Attention néanmoins à l’overdose d’allemandes à poil.

4) C’est le moment rêvé pour fabriquer cette cheminée artisanale que vous aviez vraiment envie de créer à l’époque où vous jouiez aux Playmobils. Et de ressortir votre guitare pour entamer une bruyante soirée hippie « c’est l’hyyyyyyyme de nos campaaaaagnes » avec vos autres potes françaises, le tout en faisant griller des marshmallows et du Ritter Sport sur le feu de camp made in la commode IKEA du salon que vous aurez confectionné pour l’occasion. Et puis si vous n’avez jamais fini au poste à Berlin, ça sera l’occasion (nous vous épargnerons la métaphore filée du pompier).

5) Vous ne transpirez pas. Et on sous-estime généralement cette réalité. Fini la honte de débarquer au bureau trempée après avoir descendu Friedrichstrasse (et oui, votre corps ayant fini par s’acclimater aux températures hivernales, dès que le thermomètre dépasse les 15 degrés, il se croit dans un remake de Baby Boy), et ce malgré votre mini short et votre débardeur (qui de toute façon a viré transparent). Plus besoin de devoir supporter les regards paniqués (collègues allemands), libidineux (collègues italiens), moqueurs (collègues français). Plus de risque de ruiner votre brushing ou d’utiliser une bombe de déodorant tous les deux jour. Nous entendons beugler à l’argument nul… bah on fait ce qu’on peut, merde !

6) Le froid est la carte drague ultime, l'imbattable Joker, aussi bien auprès du berlinois que du reste de la gente masculine internationale. L’allemand est ontologiquement attaché à son petit confort (il a beau faire genre qu’il est alternatif et trop aware, on sait tous qu’à 40 ans il aimera plus sa Merco que sa Bertha), autant vous dire que l’argument « mon corps est une bouilloire bébé » devrait trouver de très sérieux échos. Warm me up and love me later, un super concept de soirée.


7) Vous pourrez enfin tentez le GemüseKebab de Mehringdamm sans passer pour une grosse « dzalopeurie de tourisste ». Pas de queue, il fait trop froid (et vous vous rendrez compte que « franchement ce n’est même pas le meilleur kebab de Berlin ! Mais qu’ils sont cons ces touristes bordel ». Voilà, on vous aura même offert une nouvelle raison de vous plaindre).

8) Enfermez-vous au cinéma. Allez mater La Vie d’Adèle, plusieurs fois de suite : chauffage du cinoche, spaghettis goulûment dévorés et sexe débridé, parfait pour faire grimper votre mercure interne.

9) Vous pourrez apprécier un Mauerpark désert et vous y promenez comme si c’était votre jardin personnel ; du coup, il vous sera possible de reprendre l’intégralité de la discographie des Spice Girls/Aqua/TLC/Shania Twain en karaoké sans que personne ne vienne vous faire chier en tentant d’injustement vous reprendre le micro.

10) Les mecs, vous avez enfin l'excuse parfaite pour vous laisser pousser la barbe et ressembler encore plus à un hispter. Sauf que si cette remarque vous est balancée à la tronche, vous pourrez hautainement rétorquer que "ça n'a rien à voir, c’est pratico-pratique. Biatch."

11) Vous pourrez écumer tous les marchés de Noël. Outre le plaisir de balancer des « ooooh mais regaaaaarde, c’est trooooop mignon » à tout va en singeant parfaitement vos potes en couple, ça vous fera une excuse pour 1) boire encore plus de Glühwein 2) dévorer toutes les spécialités allemandes comme un petit chancre. L’obésité aussi est un rempart contre le froid.

12) La nuit tombe à 15h ? Super, ça vous rajoute au moins 5 heures de fiesta. Vous pourrez sans complexer aller au Berghain à 4h de l’aprèm le dimanche, il fera déjà nuit noire. Vous pourrez commencer à picoler du Glühwein à partir de midi sans forcer, vous diriger tranquillement vers votre lieu pochtronade de prédilection sans vous engoncez dans des abîmes de culpabilité, et donc passer les 6 prochains mois résolument, joyeusement et de manière permanente soûle. C’est encore le meilleur moyen de survivre à l’hiver berlinois (même votre foie est d’accord).



8 commentaires:

  1. Très - très - drôle !! (et je valide pour le mésestimé n°5)

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  2. J'ai découvert votre blog grace à une amie suite à notre dernier voyageà Berlin. Je dois bien vous avouer que vous me faites bien rire, continuez :D Et vive le Glühwein !

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    1. Merci beaucoup Logan, ça fait vraiment plaisir... On continue alors! Et bien sûr, on ne déconne pas avec le Glühwein (nous on ne carbure plus qu'à ça, c'est une institution) ;)

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