En ce jour de décembre,
nous dédions cet article à une réalité qui aurait pu vous échapper. Et oui à
Berlin, Winter is coming. Ou plus
exactement, il n’est plus en train de coming du tout, il est bien là, fermement
installé, et ce pour les 6 prochains mois. Des vents glaciaux à vous faire
compatir avec les troupes napoléoniennes durant la campagne de Russie, un ciel
laiteux étouffant laissant place à une nuit noire à partir de 16h… Bref, vous aurez
vite fait de perdre tout capital social, submergée par le désire
irrépressible de vous tapir chez vous, de survivre sur un stock de soupes bon
marché Netto et d’entamer une relation passionnelle avec votre lit (et votre
rabbit). En somme, le suicide pointe. Mais bon, afin de casser la monotonie de
la complainte totale et permanente, nous avons relevé quelques éléments réellement positifs (???) propres à l’hiver berlinois.
Le froid. Ça mord et brûle au point de vous faire rebrousser chemin même dans vos moments de grande
motivation : « Lassen uns spazierengehen, youhou !! ». A votre
arrivée à Berlin pourtant, le positivisme prévalait : on s’habitue à tout, if
Britney made it through 2007 I can make it through winter, ce n’est pas
pour longtemps, le froid c’est bon pour la peau. Les trois premiers arguments ont
malheureusement été balayés par
votre patron très german dès votre première année berlinoise: « oh
sweetheart (oui il disait ça. Bizarre
ces allemands), mais tu crois qu’on s’y habitue ? Je suis depuis 15 ans à
Berlin et c’est toujours une torture ». Thanks, Danke, merci mec. Et puis pour l’argument concernant l'hygiène faciale… En effet, le vent sibérien va vous rafraîchir l'épiderme pendant une heure ;
ensuite ce sera peeling involontaire et momification.
Une seule – et évidente
– solution : faire exploser les watts de chauffage dans votre bel appart. Énorme nuage à l’horizon estivale : si vos colocs sont berlinois, ces derniers
auront tôt fait de mettre en place un agenda drastique quant à l’utilisation
des radiateurs. Ne pas le respecter serait comme se moquer du putzplan, ou se planter dans le tri
sélectif entre les 27 poubelles: incident diplomatique en vue, Panzer et grosse Bertha
sur le qui-vive. Plusieurs possibilités : soit vous avez le saint statut de
« freelance » et vous vous en battez les reins : vous vous
arrangerez pour rester à l’appart quand vos colocs n’y seront pas. Soit vous
êtes étudiant branleur (bonjour pléonasme), un warrior des temps modernes, et le froid, à part les chocs de
température occasionnés par une surconsommation de drogues, vous ne connaissez
pas. Mais en général et malheureusement pour vos frileuses petites miches, il y
a de grandes chances pour que vos colocataires, en bons berlinois qui se
respectent, n’aient pas fini leurs études et aient donc tout le temps du monde
pour honteusement squatter l’appartement commun, vous laissant dans
l’impossibilité d’abuser du chauffage en toute impunité.
Comment vous en
tirer : adopter la méthode infaillible du « R.A.B ». Allumez joyeusement
le chauffage comme s’il s’agissait de buter tous les ours survivants du Pôle
Nord et les pingouins du zoo de Vincennes, faîtes grimper les degrés assez pour vous promener
dans une tenue d’Eve dont l’inexistence ferait pâlir de jalousie Miley Cyrus, rajoutez
à l’ambiance tropicale en faisant péter la sono caliente-beauf-Palavas-les-flots « il va y avoir du
spôôôrt » (faîtes vous livrer des palmiers pour l’occasion). Quand votre
colocataire débarquera les yeux exorbités et la bave au coin des lèvres, deux réactions s'offrent à vous.
- Tout d’abord,
niez en bloc. Les allemands ne parviennent pas à correctement gérer le
mensonge, surtout s’il s'accompagne d’une absurdité absolue ; tout comme
l’humour, c’est une déviance verbale et une déformation de la réalité très
difficilement prise en compte par leur entendement droit et supérieur. Malgré
la vision du bug total que votre réponse engendrera sur le beau visage
teuton, refrénez vos zygomatiques, restez stoïque, ne riez pas. Ajoutez un nonchalant : « Bah non ce n’est pas moi. Et puis c’est bon, il ne
fait pas si chaud, tu as peut être de la fièvre », surlignez le tout par
un haussement de sourcils et un piaillement de biatch, retournez lire votre Cosmo en sirotant votre rosé. Explosion
des fusibles cérébraux, synapses tout Feuer und Flamme, retour hébété dans ses pénates, K.O assuré.
- Deuxième
attitude possible : avouez votre méfait. Mais là, vous courrez le risque
de vous prendre remontrances à outrances, réunion de WG à vous faire regretter
les engueulades de vos parents au moment du divorce, et tutti quanti. Ou alors, avant
que votre coloc n’ait pu rajouter quoi que ce soit, dégainez le fourbe et fatal :
« c’est soit ça, soit je ramène un mec tous les soirs à la maison pour me
réchauffer. Et je m’arrangerai pour te le faire BRUYEMMENT savoir ». Avec un peu
de chance, l’effroi de voir son petit confort explosé par vos performances
vocales pourrait le faire céder. A tenter.
Mais sans plus
attendre, rentrons dans le vif du sujet. Roulements de tambour…
Les avantages de
l’hiver :
1) Vous pourrez zoner
dans votre lit à marathoner sur vos séries sans culpabilisation aucune. Invitez
vos autres potes frenchies-frileuses-marathonneuses et ce sera la garantie
d’épiques soirées (dernière trouvaille en la matière: Masters of Sex... Nous vous laissons juger du potentiel "chaleur" de cette petite perle télévisuelle).
2) Malheureusement, à
Berlin (et ce n’est pas faute d’avoir cherché), le mammouth et le Wookie sont
des espèces rarissimes. Du coup, histoire de compenser en terme vestimentaire, vous détenez
une excuse en or pour dévaliser ASOS et Urban Outfitters (acheter les stocks
complets de leggings polaires made in
Primark également, cela pourrait vous sauvez la vie). Votre compte en
banque famélique n’aura même pas son mot à dire. Ne laissez pas vos forts
louables intentions se faire violemment zlatanner par la fourberie verbeuse de
votre hôte/boyfriend/whatever : « mais
je ne comprends pas trop ta logique, vu que tous les hivers c’est le
même refrain. Tu les bouffes, tes fringues ?». Répondez simplement dans un regard de dédain que le froid berlinois est une espèce qui mange
les vêtements, oui oui absolument, et qu’on n'est jamais trop prudente.
Et au cas où vous ne seriez pas d’humeur consumériste, la faune berlinoise est encore
plus moche et mal habillée que d’habitude ; au diable donc vos complexes de
sortir vêtue en cosmonaute ou en pyjama. Ou en Wookie.
3) Testez l'intégralité des saunas de Berlin (Stattbatt Neukölln, Badeschiff, Liquidrom, Saunabad, toilettes du Berghain). Vous pourrez assouvir vos pulsions pour tout ce qui est moite
et exhibitionniste. Attention néanmoins à l’overdose d’allemandes à poil.
4) C’est le moment rêvé pour fabriquer
cette cheminée artisanale que vous aviez vraiment envie de créer à l’époque où vous
jouiez aux Playmobils. Et de ressortir votre guitare pour entamer une bruyante soirée hippie « c’est l’hyyyyyyyme de nos campaaaaagnes » avec vos autres potes françaises, le
tout en faisant griller des marshmallows et du Ritter Sport sur le feu de camp made in la commode IKEA du salon
que vous aurez confectionné pour l’occasion. Et puis si vous n’avez
jamais fini au poste à Berlin, ça sera l’occasion (nous vous épargnerons la métaphore filée du pompier).
5) Vous ne transpirez pas. Et on sous-estime généralement cette réalité. Fini la honte de débarquer au bureau trempée après avoir descendu Friedrichstrasse (et oui, votre corps ayant fini par s’acclimater aux températures hivernales, dès que le thermomètre dépasse les 15 degrés, il se croit dans un remake de Baby Boy), et ce malgré votre mini short et votre débardeur (qui de toute façon a viré transparent). Plus besoin de devoir supporter les regards paniqués (collègues allemands), libidineux (collègues italiens), moqueurs (collègues français). Plus de risque de ruiner votre brushing ou d’utiliser une bombe de déodorant tous les deux jour. Nous entendons beugler à l’argument nul… bah on fait ce qu’on peut, merde !
6) Le froid est
la carte drague ultime, l'imbattable Joker, aussi bien auprès du
berlinois que du reste de la gente masculine internationale. L’allemand est
ontologiquement attaché à son petit confort (il a beau faire genre qu’il est
alternatif et trop aware, on sait
tous qu’à 40 ans il aimera plus sa Merco que sa Bertha), autant vous dire que
l’argument « mon corps est une bouilloire bébé » devrait trouver de
très sérieux échos. Warm me up and love
me later, un super concept de soirée.
7) Vous pourrez enfin
tentez le GemüseKebab de Mehringdamm sans passer pour une grosse « dzalopeurie de tourisste ».
Pas de queue, il fait trop froid (et vous vous rendrez compte que « franchement
ce n’est même pas le meilleur kebab de Berlin ! Mais qu’ils sont cons ces
touristes bordel ». Voilà, on vous aura même offert une nouvelle raison de
vous plaindre).
8) Enfermez-vous au
cinéma. Allez mater La Vie d’Adèle,
plusieurs fois de suite : chauffage du cinoche, spaghettis goulûment dévorés
et sexe débridé, parfait pour faire grimper votre mercure interne.
9) Vous pourrez
apprécier un Mauerpark désert et vous y promenez comme si c’était votre jardin
personnel ; du coup, il vous sera possible de reprendre l’intégralité de la
discographie des Spice Girls/Aqua/TLC/Shania Twain en karaoké sans que personne ne vienne vous faire
chier en tentant d’injustement vous reprendre le micro.
10) Les mecs, vous avez enfin l'excuse
parfaite pour vous laisser pousser la barbe et ressembler encore plus à un
hispter. Sauf que si cette remarque vous est balancée à la tronche, vous pourrez hautainement rétorquer que "ça n'a rien à voir, c’est pratico-pratique. Biatch."
11) Vous pourrez écumer
tous les marchés de Noël. Outre le plaisir de balancer des « ooooh mais
regaaaaarde, c’est trooooop mignon » à tout va en singeant parfaitement vos potes en couple, ça vous fera une excuse pour 1) boire encore plus de
Glühwein 2) dévorer toutes les spécialités allemandes comme un petit chancre. L’obésité
aussi est un rempart contre le froid.
12) La nuit tombe à 15h ? Super, ça vous rajoute au moins 5 heures de fiesta. Vous pourrez sans complexer aller au Berghain à 4h de l’aprèm le dimanche, il fera déjà nuit noire. Vous pourrez commencer à picoler du Glühwein à partir de midi sans forcer, vous diriger tranquillement vers votre lieu pochtronade de prédilection sans vous engoncez dans des abîmes de culpabilité, et donc passer les 6 prochains mois résolument, joyeusement et de manière permanente soûle. C’est encore le meilleur moyen de survivre à l’hiver berlinois (même votre foie est d’accord).
Très - très - drôle !! (et je valide pour le mésestimé n°5)
RépondreSupprimerMerciiii !!
SupprimerTout pareil :)
RépondreSupprimerMême régime alors ;) Merciiii !!
SupprimerGéant et piquant!
RépondreSupprimerAhaha Danke !!
SupprimerJ'ai découvert votre blog grace à une amie suite à notre dernier voyageà Berlin. Je dois bien vous avouer que vous me faites bien rire, continuez :D Et vive le Glühwein !
RépondreSupprimerMerci beaucoup Logan, ça fait vraiment plaisir... On continue alors! Et bien sûr, on ne déconne pas avec le Glühwein (nous on ne carbure plus qu'à ça, c'est une institution) ;)
Supprimer