mardi 13 août 2013

#Review Musique - II, Moderat : "Let The Sunshine In"

ENFIN. « Attendu » est le moindre mot pour qualifier l’hystérie galopante qui accompagnait les derniers jours avant sa sortie. Il était espéré à Berlin comme le Messie (après tout, comme remarqué précédemment, la capitale allemande ne produit pas tellement d'artistes mais elle en attire beaucoup. L'occasion de faire mentir la maxime). Il avait été classé numéro 1 partout avant même d'avoir été écouté, et Bad Kingdom, le nouveau single, était diffusé sur les ondes à un rythme d'heavy rotation généralement plus commun à Lady Gaga qu'à un groupe d'électro.
 Car oui, après quasiment 4 années d'absence, les prodiges berlinois étaient de retour avec un nouvel opus sobrement intitulé II. Peut-être que dans cette numérotation minimaliste se remarquait inconsciemment la difficulté de rebondir après un premier album éponyme étourdissant... Mais ne nous perdons pas dans les affres la psychologie de comptoir estampillée „presse féminine“. Pour ceux qui auraient miraculeusement évité leur premier raz de marée, Moderat est issu de la collaboration entre Modeselektor que nous ne présentons plus, et Apparat, que nous ne présentons plus non plus. Le pari était assez couillu : les deux formations n’ont plus rien à prouver dans leur discipline propre, et un Modeselektor bis sur lequel viendrait se greffer la voix aérienne de Sascha Ring n’aurait qu’un intérêt très limité. Mais, plutôt que de jouer la carte de la sécurité, et prenant par la même occasion tout le monde de court, le trio avait délivré un premier opus époustouflant, prouvant que Moderat, bien au-delà du statut de combo 5 étoiles, alliait les atouts des deux formations en parvenant le tour de force de maximiser les qualités et annihiler les défauts de ces dernières. Moderat dépassait de loin ses deux matrices, se créant une identité sonore unique, sombre, monstrueuse. Depuis, les garçons s’en étaient retournés vaquer à leurs occupations, et force était de prendre en considération l’inavouable supposition : Moderat c’était peut être fini, tel un one-shot fabuleux qui aurait eu soin de tout balayer sur son passage avant de s’éteindre, un flash très vite disparu mais dont les beats hanteraient longtemps les recoins de nos cerveaux. Et puis il y a 6 mois, ô miracle la page FB s'était remise à battre, le groupe s'est reformé. C'était reparti.



Et donc, qu’en pensons-nous, de ce fameux „II“ ? Difficile d’écouter cet album avec des oreilles neutres: d’un coté résonnent les échos toujours prégnants des bombes New Error, Rusty Nails, Porc #2 et j’en passe, de l’autre bourdonne le parasitage extatique d’une presse dithyrambique au point que ça en devient suspect (et puis faire la bande sonore de la pub Zara… bref). Moderat, le nouveau groupe consensus ? We are afraid so. Attention, nous ne sommes pas critiques, juste mélomanes du dimanche. Et nous reconnaissons que la musique sied à chaque subjectivité à un instant précis. Créer est une histoire de parti pris (oui, on continue à enfoncer des fenêtres): refaire le même disque? Changer radicalement? Bref... Ceci dit et pour faire simple, „II“ est à notre sens un excellent album ; qui n’atteint jamais l'intensité de son prédécesseur. Ou peut-être est-il de ces objets qui demandent beaucoup de maturation à l'auditeur et de longues heures d'écoutes pour finalement se révéler; nous en jugerons dans quelques mois.



Là où le premier, sombre et exigeant, nous propulsait perpétuellement du ciel à la terre (Slow Match, le génialissime Seamonkey…), il semblerait que le groupe ait  pris comme leitmotiv son titre Let In The Light : l’album se cantonne donc aux sphères aériennes. Si l’objet, léger, vaporeux et mélodieux à souhait présente de tout son long une facture d’excellence, il n’atteint étrangement que rarement la subtilité hypnotique de son prédécesseur (This Time), peut-être parce que „Moderat“ 1er du nom ne s’élevait jamais aussi haut qu’en mettant en scène des atmosphères écrasantes – d’où son génie –, ce que „II“ ne parvient jamais (n’essaie même pas ?) à reproduire. Les ingrédients sont là, vagues de synthé et rondes incantatoires en première ligne, mais la mayonnaise ne prend plus au tripes comme précédemment (Milk). Finalement bien moins expérimentale („Moderat“ est souvent considéré à tort comme un album résolument techno (surement des gens qui n’ont écouté que le 1er titre). Personnellement nous n’en avions pas vu beaucoup, des albums techno avec des titres ragga), „II“ apparaît être d’une fabrication également plus classique. Pour preuve le premier single Bad Kingdom (ou Damage Done du même acabit) certes imparable et immédiat, mais finalement assez conventionnel dans sa facture.

En conclusion, il nous faudra sûrement apprendre à extirper „II“ de l’ombre bien trop imposante de son grand frère, et à l’apprécier non pas sous les feux de son prédécesseur, mais pour ce qu’il est : en faisant la part belle à la voix enchanteresse de Sascha Ring ainsi qu’à des mélodies plus travaillées et lumineuses, „II“ se révèle un très bel album de post-pop électronique, ne gardant de la noirceur envoûtante du premier opus qu’une douce mélancolie. De la terre ou du ciel, à vous de choisir.



Moderat en concert - Photo couverture de Facebook


II, titre par titre.

The Mark – Interlude.
Ouverture sombre sur synthé lointain et fantomatique; ne pas se fier aux apparences, l'introduction n'annonce pas la facture de l'album.

Bad Kingdom.
Le hit et 1er single de „II“, tranchant complètement avec la chanson précédente. La ligne de synthé/basse rappelle par sa puissance le courant de fond de A New Error. La voix très présente et le rythme dansant suffisent à rendre la chanson étonnement électro-pop. Une vraie réussite bien calibrée, qui fera furie au Wanderlust.

Versions.
1ere chanson ohne lyrics. Suivant la logique directrice de l'album, le titre est aérien, dispensant des échos presque aquatiques. Son rythme rapide et enlevé, proche de la soft drum&bass, rajoute à la sensation de légèreté.

Let The Light In.
Notre summer hit, et sans faire de mauvais jeux de mot, un titre véritablement lumineux. Les voix retravaillées, très présentes, font écho à d'hyper mélodieuses nappes sonores. Le rythme plutôt lent tout en restant dansant transforme le titre en ballade radieuse.

Milk.
Notre titre favori. Subtil et travaillé, le morceau fonctionne sur un principe de ronde et de répétitions, se construisant sur 10 minutes d'ajouts minimaux. Léger au début, il acquiert de la puissance sans que l'auditeur ne s'en rende compte. Sied très bien à Berlin en été.

Therapy.
Beau titre ambiant au rythme enlevé, peut être le plus sombre de l'album.

Gita.
Titre minimaliste aux voix très présentes.

Clouded (Interlude).

Llona.
Autre titre ambiant au rythme particulièrement dansant. Mais à part ça, on ne sait pas trop quoi vous dire sur ce morceau, si ce n'est qu'il fonctionnera sûrement très bien dans les clubs berlinois.

Damage Done.
Deuxième hit imparable de l'album, berceuse mélancolique et nocturne. Les nappes sonores se font discrètes et subtiles afin de parfaitement magnifier le chant : le titre fait la part belle à la voix de Sascha Ring, qui nous prouve encore une fois qu'il est un immense chanteur (pour ceux qui en doutaient).

This Time.
Conclusion punchy, puissante et lyrique, toujours aussi mélodieuse.

N'hésitez pas à partager votre ressenti sur l'album! Petit cadeau giftique à voir sur notre tumblr.

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