jeudi 25 décembre 2014

Noël chez les allemands part 1

Salut les Frenchies ! Aujourd'hui, faisons le plein de récriminations injustifiées fermement ancrées dans la glace saisonnière. Et oui cette année, il était hors de propos que vous échappiez à un écrit estampillé gros bonhomme Coca-Cola. Mais plutôt que de vous fournir les adresses des meilleurs revendeurs de cannelle, de sapin et de poudreuse (pour le sapin, esprits mal placés), de vous faire partager nos petites astuces pour voler les nains de jardin (quoi que, cela aurait pu être l'occasion d'un concours. Nächstes Mal) ou encore se prendre en photo en mini short et grandes chaussettes de pupute au milieu de Gendarmark, nous allons nous attarder sur une interrogation existentielle : que m’arrivera-t-il si je passe Noël chez les allemands ?

Attardons nous deux minutes sur les raisons de cette éventualité, elles ont leur importance quant à votre niveau de tolérance face au potentiel clash culturel qui vous attend patiemment au tournant. Deux possibilités : soit vous êtes le rejeton d'une famille dysfonctionnelle, papa s'est cassé avant d'avoir eu l'occasion de voir votre frimousse, maman est alcoolique et les Noëls se terminent inéluctablement à devoir supporter les blagues racistes de l'oncle Rodolphe pendant que les beaux-frères Didier et Lulu se mettent sur la gueule en prenant la dinde comme arme de poids. Vous ne pouvez même pas vous réfugier dans les toilettes, scène de la boulimie morbide de tata Jacqueline (en témoigne la bûche  quasi intacte au fond du trou) ou dans la chambre d'amis, théâtre des ébats des petits cousins Clément et Ludivine, le consanguin gêne du winner devant rester dans la famille. Dans ce cas-là, le choix de réveillonner en Allemagne fut même des plus salutaires (n'importe où loin de votre village picard aurait fait l'affaire me direz-vous). Autre possibilité : vous êtes le rejeton d'une tribu tout aussi dysfonctionnelle, mais votre joyeuse intégration au grand barnum burlesque familiale fait du repas de Noël l'un des moments les plus caustiques de l'année : mamie Chantal qui ne manque pas de vous rappeler le jour où sa conduite en sens inverse sur autoroute vous a presque fait mouiller votre culotte de peur, votre petite sœur qui accumule les punchlines bien graveleuses copyrightées Antoine Daniel/Humour De Droite avec une aisance déconcertante, les discussions avinées, les coups d'éclat, les rires... Bref, l'esprit de Noël. Ici, le choix s'avère cornélien : vais-je vraiment rater une occasion d'admirer papy Jean-Mimi monter sur ses grands chevaux (et sur la table) pour me narrer la sacro-sainte croisade d'Algérie ? Et tout ça pour passer Noël chez l'ennemi juré ? Et puis vous vous dîtes que de fait, rentrer pour les fêtes pourrait sonner le glas de votre expérience berlinoise ; comme dirait Kaaris, « mauvaise idée ». Et puis merde vous aviez dit immersion totale; faisons donc dans l'immersion totale. Et puis surtout, vous n'avez pas la thune pour vous payer le voyage, et ce même en clandestin dans les soutes d'Easyjet. 


Vous voici donc emmitouflée comme une impératrice russe quelque part dans les environs de Stieglitz, attendant le covoiturage vous conduisant à destination. Et oui, première entourloupe, vous vous devez de quitter Berlin car, votre hôte/boyfriend/whatever ayant également une famille dysfonctionnelle, il y a bien longtemps que maman a pris ses clics, ses clacs et s'est cassée dans un patelin loin de la vie dissolue de papa de la capitale. Cette annonce a bien entendu enjoint une véritable supplique de votre part : « mais moi je croyais qu'on allait faire Noël à Zehlendorf, et que je pourrais faire le tour du Kietz dans un traîneau tiré par des licornes avec un elfe genre Légolas pour cocher, à poil à part son petit bonnet de lutin, et que nous irions tous nous réchauffer dans le château de ce dictateur diplomate togolais que j'ai repéré la dernière fois en me baladant (facile, la demeure prend toute une rue)... Oder? ». Donc exit les elfes, les créatures enchanteresses du sud de Berlinpinpin et autre version aryenne d'Orlando Bloom, cette année c'est Weihnachten chez Belle Mutti à Hannover. Arrivés à destination. Nous passerons sur le froid encore moins supportable qu'à Berlin (vous allez vous taper la promenade du chien chien, alors préparez votre garde de robe), l'incompréhension gênée à chaque fois que Mutti, qui combine jargon berlinois et patois bas-allemand, vous adresse la parole (et c'est souvent), le style ultra minimaliste de l'immense demeure (de l'utilité d'avoir des maisons de 300 m2 sur deux étages si c'est pour les décorer avec le même degré de sophistication fonctionnelle qu'un 13m2 parisien), les moments de sueurs chaudes à l'arrivée du jumeau de votre hôte/boyfriend/whatever... Passons directement au plus important, à savoir les potentielles situations de crise de larme/fou rire, à vous de rayer la mention inutile.

Les courses de Noël

Qui dit Noël dit bouffe. Qui dit Noël dit: « ce que 300 somaliens ingurgitent péniblement en 3 mois, je vais me l’enfiler en 1h. Et le repas en dure 6 ». Qui dit Noël dit Jeux Olympiques de l'Endurance Culinaire. La bouffe, c'est l'épicentre de réunion entre même les plus misanthropes d'entre nous, des réfractaires à Noël aux phobiques de l'institution maritale: mes biens chers frères allergiques à l'espèce humaine, faisons un effort; nous allons nous faire exploser la panse avec des mets de choix et il y a théoriquement assez d'alcool pour oublier la bêtise avoisinante. Autant dire que vous n'attendez que ça. La simple évocation de Schokoladenkuchen vous fait frétiller les babines, vous avez tenté d'expliquer à vos hôte pourquoi la moindre évocation de la "Französische pute" déclenchait à la fois gargouillis affamés et crise de rire incontrôlée, vous avez écumé tous les résultats Google "Weihnachten+Rezept+Fatty". Enfin, le moment tant attendu arriva : les courses de Noël chez Kaiser. Sur le trajet vous tentez tant bien que mal de cacher votre surexcitation (ce qui donnera l’occasion à l’hôte/boybriend/whatever d’utiliser la qualification "hystérique", pour une fois, à bon escient). Dans Kaiser, vous déboulez comme une gosse hyperactive devant le caddie en vous saisissant fébrilement de tout ce qui ressemble potentiellement à un met de Noël sous l’œil quelque peu inquiet de vos hôtes. Et c'est an Kasse que l'imminente crise survient, comme toute personne minimalement clairvoyante l'aurait anticipé et ce malgré vos brillants efforts pour faire passer tous vos achats ni vu ni connu sur le tapis déroulant. Peine perdue, Mutti s'empare de la plupart de vos choix et les renvoie à leur pénates. Fatalement, cette dernière finit par se saisir de votre bouteille de Champagne, vous sourit d'un air de condescendance non feinte et vous déclare: « ah mais non, j'ai un Sekt d'excellente qualité à la maison, ça vaut bien mieux que ton vin blanc gazeux lolilol ». Vous déglutissez très difficilement, tentez de rester stoïque sans pouvoir complètement réfréner une moue scandalisée. Votre hôte/boyfriend/whatever, fort familier avec cette grimace, a l'intelligence de vous prendre le champagne des mains et de se placer entre vous et sa mère, juste au cas où la bouteille vienne malencontreusement s'encastrer dans la face de sa génitrice. Fort bien lui en a pris. Le véritable incident diplomatique parvient avec le Sauternes. Là, Belle-Mutti observe le breuvage d'un air plutôt bienveillant (l'or de la robe doit lui rappeler le jaune poussin de la liqueur de pomme de terre) et vous demande : « und was ist das denn » auquel vous répondez, très fière de pouvoir étaler votre expertise sur tout ce qui contient ne serait-ce qu'un pourcentage infime d'alcool, et ce dans au moins 12 langues : « ça c'est du Sauternes, un vin liquoreux, une subdivision du vignoble de Bordeaux. Il est assez sucré, se marie très bien avec le fromage, le foie gras... ». Là, gros bug dans la matrice du coté de belle maman qui interrompt sans ménagement votre petite cession onanisme viticole. 
« Du quoi ??
- Du foie gras, genre du foie de canard, mais gras ».
Prononcer ces mots vous suffit à réaliser l'énorme bourde qu’ils véhiculent. Et oui, la Tierquälerei fiver n'est pas une exclusivité de la capitale. Ou plutôt, et ce malgré son déménagement, belle maman reste une vraie berlinoise bobo avec un sombre passé hippie. Autant dire que le foie gras, c'est l'équivalent animalier de Guantanamo. S'en suit la litanie culpabilisante habituelle: 
« mais tu sais comment s'est fait ? Tu te rends compte de la cruauté de la méthode ??!
- Alors si on écoute Nietzsche, il faut bien marquer la différence entre cruauté et méchanceté, parce que... (c'est le moment où votre hôte/boyfriend/whatever vous dégaine un regard encore plus meurtrier qu'un Panzler sur le qui-vive. Alors que le perfide avait adoré le foie gras que votre bien bonne maman avait eu l'extrême gentillesse de lui faire goûter la dernière fois qu'il avait daigné ramener ses fesses en territoire Français. Tu vois maman, on se tue à les éduquer et voilà comment ils nous remercient, les ingrats) ». Vous n'osez même pas demander si vous pouvez garder la bouteille sacrilège "pour usage personnel", même avec l'argument du mariage parfait avec le frometon. Déjà que belle maman semble proche de la syncope, vous ne voulez pas non plus la mort du pêcheur, à ça non. 
To be continued HERE

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire