Salut
les Frenchies ! Aujourd'hui, faisons le plein de récriminations
injustifiées fermement ancrées dans la glace saisonnière. Et oui cette année,
il était hors de propos que vous échappiez à un écrit estampillé gros bonhomme
Coca-Cola. Mais plutôt que de vous fournir les adresses des meilleurs revendeurs
de cannelle, de sapin et de poudreuse (pour le sapin, esprits mal placés), de
vous faire partager nos petites astuces pour voler les nains de jardin (quoi
que, cela aurait pu être l'occasion d'un concours. Nächstes Mal) ou encore se
prendre en photo en mini short et grandes chaussettes de pupute au milieu de
Gendarmark, nous allons nous attarder sur une interrogation existentielle :
que m’arrivera-t-il si je passe Noël chez les allemands ?
Attardons
nous deux minutes sur les raisons de cette éventualité, elles ont leur
importance quant à votre niveau de tolérance face au potentiel clash culturel
qui vous attend patiemment au tournant. Deux possibilités : soit vous êtes
le rejeton d'une famille dysfonctionnelle, papa s'est cassé avant d'avoir eu
l'occasion de voir votre frimousse, maman est alcoolique et les Noëls se
terminent inéluctablement à devoir supporter les blagues racistes de l'oncle
Rodolphe pendant que les beaux-frères Didier et Lulu se mettent sur la gueule
en prenant la dinde comme arme de poids. Vous ne pouvez même pas vous réfugier
dans les toilettes, scène de la boulimie morbide de tata Jacqueline (en témoigne la bûche quasi intacte au fond du trou) ou dans la chambre d'amis, théâtre des
ébats des petits cousins Clément et Ludivine, le consanguin gêne du winner devant
rester dans la famille. Dans ce cas-là, le choix de réveillonner en Allemagne
fut même des plus salutaires (n'importe où loin de votre village picard aurait
fait l'affaire me direz-vous). Autre possibilité : vous êtes le rejeton
d'une tribu tout aussi dysfonctionnelle, mais votre joyeuse intégration au
grand barnum burlesque familiale fait du repas de Noël l'un des
moments les plus caustiques de l'année : mamie Chantal qui ne manque pas
de vous rappeler le jour où sa conduite en sens inverse sur autoroute vous a
presque fait mouiller votre culotte de peur, votre petite sœur qui accumule les
punchlines bien graveleuses copyrightées Antoine Daniel/Humour De Droite avec une
aisance déconcertante, les discussions avinées, les coups d'éclat, les rires...
Bref, l'esprit de Noël. Ici, le choix s'avère cornélien : vais-je vraiment
rater une occasion d'admirer papy Jean-Mimi monter sur ses grands chevaux (et
sur la table) pour me narrer la sacro-sainte croisade d'Algérie ? Et tout
ça pour passer Noël chez l'ennemi juré ? Et puis vous vous dîtes que de fait,
rentrer pour les fêtes pourrait sonner le glas de votre expérience berlinoise ;
comme dirait Kaaris, « mauvaise idée ». Et puis merde vous aviez dit
immersion totale; faisons donc dans l'immersion totale. Et puis surtout, vous
n'avez pas la thune pour vous payer le voyage, et ce même en clandestin dans
les soutes d'Easyjet.
Vous voici donc emmitouflée comme une impératrice russe quelque part dans les environs de Stieglitz, attendant le covoiturage vous conduisant à destination. Et oui, première entourloupe, vous vous devez de quitter Berlin car, votre hôte/boyfriend/whatever ayant également une famille dysfonctionnelle, il y a bien longtemps que maman a pris ses clics, ses clacs et s'est cassée dans un patelin loin de la vie dissoluede papa de la capitale. Cette annonce
a bien entendu enjoint une véritable supplique de votre part : « mais
moi je croyais qu'on allait faire Noël à Zehlendorf, et que je pourrais faire
le tour du Kietz dans un traîneau tiré par des licornes avec un elfe genre
Légolas pour cocher, à poil à part son petit bonnet de lutin, et que nous
irions tous nous réchauffer dans le château de ce dictateur diplomate
togolais que j'ai repéré la dernière fois en me baladant (facile, la demeure
prend toute une rue)... Oder? ». Donc exit les elfes, les créatures
enchanteresses du sud de Berlinpinpin et autre version aryenne d'Orlando Bloom,
cette année c'est Weihnachten chez Belle Mutti à Hannover. Arrivés à
destination. Nous passerons sur le froid encore moins
supportable qu'à Berlin (vous allez vous taper la promenade du chien
chien, alors préparez votre garde de robe), l'incompréhension gênée à chaque
fois que Mutti, qui combine jargon berlinois et patois bas-allemand, vous
adresse la parole (et c'est souvent), le style ultra minimaliste de l'immense
demeure (de l'utilité d'avoir des maisons de 300 m2 sur deux étages si c'est
pour les décorer avec le même degré de sophistication fonctionnelle qu'un 13m2
parisien), les moments de sueurs chaudes à l'arrivée du jumeau de votre
hôte/boyfriend/whatever... Passons directement au plus important, à savoir les
potentielles situations de crise de larme/fou rire, à vous de rayer la mention
inutile.
Les courses de Noël
Vous voici donc emmitouflée comme une impératrice russe quelque part dans les environs de Stieglitz, attendant le covoiturage vous conduisant à destination. Et oui, première entourloupe, vous vous devez de quitter Berlin car, votre hôte/boyfriend/whatever ayant également une famille dysfonctionnelle, il y a bien longtemps que maman a pris ses clics, ses clacs et s'est cassée dans un patelin loin de la vie dissolue
Les courses de Noël
Qui
dit Noël dit bouffe. Qui dit Noël dit: « ce que 300 somaliens ingurgitent
péniblement en 3 mois, je vais me l’enfiler en 1h. Et le repas en dure 6 ».
Qui dit Noël dit Jeux Olympiques de l'Endurance Culinaire. La bouffe, c'est l'épicentre de réunion entre même les plus misanthropes d'entre nous, des réfractaires à Noël aux phobiques de l'institution maritale: mes
biens chers frères allergiques à l'espèce humaine, faisons un effort; nous
allons nous faire exploser la panse avec des mets de choix et il y a théoriquement
assez d'alcool pour oublier la bêtise avoisinante. Autant dire que vous
n'attendez que ça. La simple évocation de Schokoladenkuchen vous fait frétiller
les babines, vous avez tenté d'expliquer à vos hôte pourquoi la moindre évocation de la "Französische pute" déclenchait à la fois gargouillis affamés et crise de rire incontrôlée, vous avez écumé tous les résultats Google
"Weihnachten+Rezept+Fatty". Enfin, le moment tant attendu arriva : les courses de Noël chez Kaiser. Sur le trajet vous tentez
tant bien que mal de cacher votre surexcitation (ce qui donnera l’occasion à l’hôte/boybriend/whatever
d’utiliser la qualification "hystérique", pour une fois, à bon
escient). Dans Kaiser, vous déboulez comme une gosse hyperactive devant le
caddie en vous saisissant fébrilement de tout ce qui ressemble potentiellement
à un met de Noël sous l’œil quelque peu inquiet de vos hôtes. Et c'est an
Kasse que l'imminente crise survient, comme toute personne minimalement
clairvoyante l'aurait anticipé et ce malgré vos brillants efforts pour faire
passer tous vos achats ni vu ni connu sur le tapis déroulant. Peine perdue, Mutti
s'empare de la plupart de vos choix et les renvoie à leur pénates.
Fatalement, cette dernière finit par se saisir de votre bouteille de Champagne, vous
sourit d'un air de condescendance non feinte et vous déclare: « ah
mais non, j'ai un Sekt d'excellente qualité à la maison, ça vaut bien mieux que
ton vin blanc gazeux lolilol ». Vous déglutissez très difficilement, tentez de
rester stoïque sans pouvoir complètement réfréner une moue scandalisée. Votre
hôte/boyfriend/whatever, fort familier avec cette grimace, a l'intelligence
de vous prendre le champagne des mains et de se placer entre vous et sa mère,
juste au cas où la bouteille vienne malencontreusement s'encastrer dans la face
de sa génitrice. Fort bien lui en a pris. Le véritable incident diplomatique
parvient avec le Sauternes. Là, Belle-Mutti observe le breuvage d'un air plutôt
bienveillant (l'or de la robe doit lui rappeler le jaune poussin de la liqueur
de pomme de terre) et vous demande : « und was ist das denn »
auquel vous répondez, très fière de pouvoir étaler votre expertise sur tout ce
qui contient ne serait-ce qu'un pourcentage infime d'alcool, et ce dans au
moins 12 langues : « ça c'est du Sauternes, un vin liquoreux, une
subdivision du vignoble de Bordeaux. Il est assez sucré, se marie très bien
avec le fromage, le foie gras... ». Là, gros bug dans la matrice du coté
de belle maman qui interrompt sans ménagement votre petite cession onanisme
viticole.
« Du quoi ??
« Du quoi ??
-
Du foie gras, genre du foie de canard, mais gras ».
Prononcer
ces mots vous suffit à réaliser l'énorme bourde qu’ils véhiculent. Et oui,
la Tierquälerei fiver n'est pas une exclusivité de la capitale. Ou plutôt, et ce
malgré son déménagement, belle maman reste une vraie berlinoise bobo avec
un sombre passé hippie. Autant dire que le foie gras, c'est l'équivalent
animalier de Guantanamo. S'en suit la litanie culpabilisante habituelle:
« mais tu sais comment s'est fait ? Tu te rends compte de la cruauté de la méthode ??!
« mais tu sais comment s'est fait ? Tu te rends compte de la cruauté de la méthode ??!
-
Alors si on écoute Nietzsche, il faut bien marquer la différence entre cruauté et méchanceté, parce que... (c'est le moment où votre
hôte/boyfriend/whatever vous dégaine un regard encore plus meurtrier qu'un
Panzler sur le qui-vive. Alors que le perfide avait adoré le foie gras que votre
bien bonne maman avait eu l'extrême gentillesse de lui faire goûter la dernière
fois qu'il avait daigné ramener ses fesses en territoire Français. Tu vois
maman, on se tue à les éduquer et voilà comment ils nous remercient, les
ingrats) ». Vous n'osez même pas demander si vous pouvez garder la bouteille
sacrilège "pour usage personnel", même avec l'argument du mariage
parfait avec le frometon. Déjà que belle maman semble proche de la syncope,
vous ne voulez pas non plus la mort du pêcheur, à ça non.
To be continued HERE
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