Si vous désirez visiter Berlin et que
vous êtes agoraphobe à l'extrême, un petit conseil : venez fin juin. Chaque
année à cette période, la ville se désertifie ; en cause ? Die Fusionfestival. Réservé à une poignée d'aficionados berlinois lors de sa création,
cet événement musical et culturel a pris une ampleur internationale, et est souvent défini comme l'une des plus imposantes manifestations electro que tout
bon fan hardcore-du-nord se doit d'avoir visitée au moins une fois.
Malgré cette notoriété croissante qui pourrait faire dire à tous les expats ronchons „putain, c'était mieux avant“, les reviews sur la Fusion ne tarissent jamais d'éloges et d'adjectifs mélioratifs pour la définir (à part pour le temps. Il fait toujours moche à la Fusion). Rassemblant une population agréablement hétéroclite, le festival a, malgré sa notoriété galopante, réussi à garder intacte sa dimension anti-commerciale. Composée comme un énorme barnum échappatoire estampillé „vacance communiste » où l'undergroud et la bonne humeur s'expriment à plein poumon, la Fusion se déroule à guichet fermé des mois avant son commencement (tout en continuant à privilégier un nombre restreint de festivaliers). Cet engouement international aurait pu avoir pour conséquence une fuite des natifs, fatigués de ces „dzalopeurie de tourisstes qui continuent à nous envahir“. Que nenni. Oh chaque année, vous entendez bien votre hôte/boyfriend/whatever balancer son sempiternel : « allez c’est bon c’est la dernière fois que j’y vais, le temps était dégueulasse (et puis fuck ces dzalopeuries de tourisssstes) » ; mais finalement, l’année suivante vous retrouverez ce même hôte/boyfriend/whatever complètement hystérique devant son ordinateur, à l'instar d'un geek lors de la sortie d’un code promotionnel World of Warcraft, pour être le premier à s’inscrire au grand tirage au sort qu’est devenu l’attribution des places pour la Fusion.
Donc forcément, en mal de sensations fortes, d'hypothétique bonne musique et d'Entspannung sous acide, vous vous êtes ruée sur les places de la Fusion comme la misère sur ce pauvre monde. Et vous avez eu raison, l'expérience en vaut largement la chandelle.
Malgré cette notoriété croissante qui pourrait faire dire à tous les expats ronchons „putain, c'était mieux avant“, les reviews sur la Fusion ne tarissent jamais d'éloges et d'adjectifs mélioratifs pour la définir (à part pour le temps. Il fait toujours moche à la Fusion). Rassemblant une population agréablement hétéroclite, le festival a, malgré sa notoriété galopante, réussi à garder intacte sa dimension anti-commerciale. Composée comme un énorme barnum échappatoire estampillé „vacance communiste » où l'undergroud et la bonne humeur s'expriment à plein poumon, la Fusion se déroule à guichet fermé des mois avant son commencement (tout en continuant à privilégier un nombre restreint de festivaliers). Cet engouement international aurait pu avoir pour conséquence une fuite des natifs, fatigués de ces „dzalopeurie de tourisstes qui continuent à nous envahir“. Que nenni. Oh chaque année, vous entendez bien votre hôte/boyfriend/whatever balancer son sempiternel : « allez c’est bon c’est la dernière fois que j’y vais, le temps était dégueulasse (et puis fuck ces dzalopeuries de tourisssstes) » ; mais finalement, l’année suivante vous retrouverez ce même hôte/boyfriend/whatever complètement hystérique devant son ordinateur, à l'instar d'un geek lors de la sortie d’un code promotionnel World of Warcraft, pour être le premier à s’inscrire au grand tirage au sort qu’est devenu l’attribution des places pour la Fusion.
Donc forcément, en mal de sensations fortes, d'hypothétique bonne musique et d'Entspannung sous acide, vous vous êtes ruée sur les places de la Fusion comme la misère sur ce pauvre monde. Et vous avez eu raison, l'expérience en vaut largement la chandelle.
Néanmoins, énonçons une vérité communément admise mais très peu verbalisée: si
vous êtes une fille minimalement française, l'idée de débarquer là-bas en mode
« astronaute asexué venu faire du trekking » ne vous fait que moyennement
triper; quitte à faire dans l'aventure à risque, vous préféreriez la
comparaison avec Lara Croft. Soyons objectifs: dans les recoins de votre
esprit, la clairvoyance règne ; vous savez très bien ne pouvoir tenir le
standing français que le premier, voir le deuxième jour, mais que la suite des
événements sera fatalement placée sous les hospices du scandale. Vous avez
néanmoins le droit de vouloir, du moins au début, sauver les meubles. On vous
fait votre liste récapitulative « comment survivre à la Fusion (tout en
continuant à approximativement ressembler à un être humain »:
Photo by Rowelski |
Vêtement et maquillage.
- Le maquillage waterproof: oui, pas besoin de blablater sur la
nature sine qua non de cet élément:
pluie, sueur, pleurs, jet d'eau à la figure, verre de vodka qui devait selon
vos prévisions atterrir dans votre gosier mais a fini tout autour, et autres
liquides pas nets dont la trajectoire a été tout aussi approximative sur
lesquels nous ne nous éterniserons pas. Donc le waterproof. Nous vous déconseillons bien entendu d’emmener vos produits
MAC préférées que votre belle-mère blindée de tune (normal, c'est papa qui
l'entretient. A défaut de vous entretenir) vous a gentiment légués, un dimanche
après l'aumône. Mais nous vous déconseillons aussi de surinvestir dans du
maquillage: le risque de vous voire engloutie par Dame Mauvaise Conscience „je
suis un puits de superficialité, je ne mérite pas l'oxygène que je respire“ est
trop important. Heureusement, vous êtes à Berlin. Heureusement il y a DM,
allégorie moderne du paradis sur terre. Et donc chez DM vous pourrez trouver
votre bonheur à un prix dérisoire, avec, en prime, des marques estampillées « je
ne fais pas de mal à la planète (ou du mois 735 lapins ne se sont pas retrouvés
avec des cratères à la place des yeux grâce à mon mascara „toi aussi tu veux
ressembler à Eva Longoria“) ». Par contre, après avoir renouvelé tout votre
attirail fond de teint/baume à lèvres/mascara/crayon à paupière/lingettes pour
bébé pack XXXXXXL (TRES IMPORTANTS LES LINGETTES), fuyez malheureuse! Car vous
pourriez considérer comme primordiale de vous attarder dans le rayon
échantillons, shampoing, produits d'entretien, abat-jours ou encore nourriture
pour moineau labellisée Vegan-Mittel. Et facilement perdre 3h de votre précieux
temps.
- Les vêtements : ok, nous sommes à un festival, pas à un défilé Isabel Marant. Mais bon,
vous n'êtes pas non plus obligée de vous rendre à la Fusion déguisée en sac
poubelle. Et puis le festival à beau être un endroit austère, ce n'est pas non
plus les camps d’entraînement du Mossad. Résumons: vous recherchez quelque
chose de pratique, et si possible de pas horriblement moche (déjà que vous ne
pourrez pas échapper aux bottes en caoutchouc qui vous rappelleront fortement
vos classes de mer à Pornic à patauger dans la vase et chasser le bigornot. En
parlant de bottes, optez pour celles "jardinage maman", vous économiserez des
sous pour la MD). Deux catégories: soit vous êtes blindée de tune et vous
pouvez donc investir dans une série de jupes en caoutchouc ASOS. Soit vous
n'avez pas 70 euros à mettre dans un bout de tissu que, nous l'espérons pour
vous, vous n'aurez pas à réutiliser. Donc faîtes dans le DIY. Allez à Primark.
Investissez en petites culottes. D’ailleurs c'est l'occasion, lâchez-vous chez
l'enseigne angliche, achetez tous les vêtements les plus moches ou improbables que vous
trouverez (enfin pas littéralement, une bonne partie du magasin pourrait y
passer)
- Le poncho de pluie : comme tout vêtement festivalier, choix compliqué que celui du poncho,
accessoire pourtant nécessaire. Le vêtement étant ridicule en soi, tentez de
sauver les meubles sur la couleur. Le prendre en noir? Au moins il se salira
moins rapidement. Par contre, il ne vous manquera plus qu’une faux pour devenir
une personnification mortifère. En rouge? Ça pourrait faire petit chaperon
marrant. Ça peut aussi faire attardé mental du nord de la France en K-Way. En
blanc ? Salissant, et vous allez ressembler à un dératiseur ou à un expert sur
une scène de crime. Notre conseil: trouvez-le en motif Pacman ou Bob l'éponge.
- La trousse de secours: si vous êtes hypocondriaque et que vous avez déjà crapahuté en mode
Indiana Jones quelque part en Asie (ou Afrique, ou Inde… Enfin bref, vous
voyez, ces terres pas civilisées par là-bas quoi), reprenez votre trousse 1er
soin exactement comme vous l'aviez laissée. Comment ça „les pilules pour
purifier l'eau et les seringues antihistaminiques, c'est un peu trop“? Bon ok,
résumons alors : paracétamol et/ou ibuprofène, cortisone (si vous êtes sujet
aux allergies. Attention avec la cortisone, vous pourriez en prendre par erreur
dans un gros moment de plantage), anti vomitif, médicaments contre les maux
d'estomac, Fervex/Humex/truc en EX, sérum phy pour les porteurs de lentilles
(et pour ceux qui voudraient minimiser la dilatation de leur pupille. Personnellement
nous avons essayé, ça ne fonctionne pas trop), pilule (croyez nous, vous ne
voulez ni avoir vos règles, ni tomber enceinte pendant la Fusion), Domperidon
et Smecta (pas d’explicitations requises, einh…), pansements et désinfectant
(se reporter à la section boisson: si vous avez pris de l’alcool à brûler, ça
fera double emploi).
- L'anti-moustique : nécessaire si vous désirez éviter de quadrupler de volume en deux jours
(et éventuellement être prise en chasse par un mec qui, au plus fort d’un trip
hallucinogène, vous aura confondu avec une espèce de dahu antique). Sinon,
adoptez la technique ancestrale dite « de l’hippopotame » :
roulez-vous dans la terre qui se sera sûrement transformée à une purée
gadouillasseuse pour cause de précipitations ; voilà, vous êtes immunisés
contre ces saloperies volantes. Contre la lèpre et le choléra, nous ne sommes, par contre, pas certaines.
- Du papier toilette : ne vous inquiétez pas, il y a des latrines propres à la Fusion (payantes,
50 centimes). Et peut-être aurez-vous tellement abusé sur les anti-diarrhées
que vous n'aurez pas besoin de vous rendre aux toilettes pendant une semaine
(sympa le retour, par contre).
Commodités.
- La tente décathlon, motif drapeau breton. On a la classe ou on ne l'a pas.
Notons qu'avec un peu de chance vous serez accompagnées d’allemands, qui ne
sont - ontologiquement - jamais à l'arrache quand il s'agit de confort (« le
backpacking? Ouai ça c'est cool quand on va visiter des pays du tiers monde et
qu'on veut se mettre en condition, voir se faire un peu peur!! Là on est à la
maison quand même, il y a des limites au n'importe quoi »): tables de
jardin, sièges, douche dépliable, caravane, bungalow gonflable... Die Gemütlichkeit par excellence.
- Le duvet: dilemme sur le duvet, hésitation entre le léger (pratique s’il fait
chaud), et le duvet de randonnée (pratique s’il fait froid). Nous vous
conseillons d'opter pour le deuxième: tout d’abord il va sûrement faire moche,
et ensuite, l’alcoolique qui s'évanouit
s'endort préfère généralement une couverture bien contenante.
Nourriture et objets ludiques
- Boisson forte: Vodka. Ou Whisky. Ou Rhum. Ou Gin Tonic. Ou Jet 27. Ou Cognac. Ou Jägger.
Ou eau de vie. Ou schnaps. Ou alcool à brûler. Ou essence.
- Des fruits pour, outre vous nourrir, éviter les chocs de drogues. Enfin, il parait,
nous, nous nous n’en savons strictement rien, einh…
- Harry Potter (ou l’un des Malaussène de Daniel Pennac), remède parfait si jamais, au
moment d’une redescente vous commencez à sévèrement déprimer et qu’il n’y a
personne pour vous réconforter (bon évidemment pas le 5ème ni le 6ème
tom durant lesquels respectivement Sirius et Dumbledore y passent ; sinon là,
c’est le suicide qui guette).
- Du chocolat, pour, en plus d'Harry Potter, gérer la descente (au cas où vous ne seriez
vraiment pas bien, ou si vous vous êtes planté de livre comme énoncé
précédemment)
Autres.
- Une boussole, pour retrouver votre tente (bon, c'est clairement parce que nous voulions
notre moment Lara Croft)
- Paillettes
- Une lampe de poche frontale. Ça vous évitera de la perdre dès la première nuit. Et puis comme ça vous
pourrez vivre votre moment spéléologie (chacun ses hobbies).
- Boule Kies
- Votre vieux portable qui a tout vu : Bagdad, le Vietnam et les chiottes du Berghain.
C'est bon, vous êtes parée. Ah non... N'oubliez pas vos places, ça serait
dommage. Enjoy ! ;-)
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