Qui
est Manon, en trois phrases :
Je
suis une amie, une fille et une sœur de gens formidables ; je suis une
Berlinoise d’adoption, une blogueuse curieuse, une fille qui fait des petits
films, une fan de Nanni Moretti et de Kieslowski, une fille qui travaille pour
la télé mais qui n’a pas de télé, une fille qui a toujours des collants troués
et pas de permis de conduire.
Quand
as-tu déménagé à Berlin ? Connaissais-tu la ville avant d’y
emménager ?
En
2009. J’allais très souvent à Berlin depuis 2001. J’y vivais par intermittence.
Originellement,
pourquoi as-tu choisi Berlin ?
Parce
que c’est la ville qui m’a fait découvrir la liberté.
As-tu
immédiatement décidé d’y rester sur le long terme, ou comme on dit « the city got under your skin » ?
Qu’est ce qui t’a poussé à rester ?
En
2001, quand j’ai passé trois mois à Berlin pour mes études, j’avais 20 ans et
j’avais le cœur arraché à l’idée de rentrer à Paris. Je n’ai jamais pu oublier
cette ville et même s’il m’a fallu huit ans pour sauter le pas, je sais que
j’ai trouvé mon port d’attache.
Berlin
devient toujours plus « the place to
be » : bonne ou mauvaise nouvelle ? Pourquoi ?
Mauvaise.
Parce que « the place to be », ça veut dire Mickeyland. Tout
s’aseptise. C’est VRAIMENT une mauvaise nouvelle. Je n’ai rien contre les
touristes, mais j’ai tout contre la commercialisation de la liberté et de la
créativité.
As-tu
pu personnellement faire l’expérience de modifications (et leur conséquences)
subies par la ville ces dernières années?
Je
passe sur ce sujet, trop rebattu – la souffrance de ceux qui vivent ici et
voient le Mur (un mémorial) abattu pour faire place aux hôtels à toutous
Easyjetsetteurs mérite le respect. Trop de gens oublient que Berlin a une
histoire douloureuse.
Beaucoup
se plaignent de la difficulté de trouver un emploi à Berlin (passons sur la
pratique du mini-job), qu’en penses-tu ? La recherche de
travail a-t-elle été problématique pour toi ? Aurais-tu des
conseils ?
Oui,
c’est un enfer de trouver du travail ici. Mon conseil ? Apprenez
l’allemand le plus tôt possible, et dites non aux salaires en dessous de 8
euros de l’heure sans sécurité sociale !
Difficile
de choisir, mais que préfères-tu à Berlin ?
Mes
amis. Ma vie. C’est ce que Berlin m’offre de plus précieux : une vie que
je me suis choisie, une vie de bohème, même si celle-ci a un prix, celui de
vivre plus pauvrement.
Le
blog Génération Berlin
Peux-tu
nous présenter ton blog : quand l’as-tu commencé ? Comment t’es venue
l’idée ? Si tu devais le résumer en trois mots, ce seraient…
Je
n’aime pas résumer en trois mots... la vie est trop riche et trop complexe et
moi, trop confuse et trop bavarde. J’ai commencé mon blog en 2011. A l’époque
j’avais commencé un blog collectif en anglais appelé « Berlin is not for
sale ». Malheureusement l’équipe s’est vite dissoute. Le photographe est
parti à Shanghai, l’administratrice à Londres, etc. J’écoutais RFI tous les matins
avant de partir au boulot (je travaillais de temps en temps dans une parfumerie
de hipsters pour gagner ma vie). RFI organisait un concours de blogging
francophone appelé Mondoblog. L’idée était de bloguer en français depuis sa
ville. J’avais de toute façon envie de parler de mon expérience à Berlin depuis
longtemps ; voilà comment « Génération Berlin » est né.
Contrairement
à d’autres très centrés sur des points récurrents comme la mode ou le tourisme,
ton blog aborde une panoplie très large de sujets, du plus sérieux au plus
léger, en passant par le très personnel: était-ce un choix de base, ou le blog
a juste évolué de cette façon ?
Mon
blog est une sorte de journal intime pour les curieux de Berlin. C’est
peut-être un peu narcissique, mais je crois qu’un blog doit être extrêmement
personnel. Les blogs au ton « professionnel » ou racoleur sont
terribles, je préfère lire Le Monde ou Gala dans ce cas. Je crois que mes
lecteurs se sont attachés (et pour certains identifiés) à ce petit personnage
de Manon, la Française de Berlin, qui s’est dessiné au fil des billets.
Comment choisis-tu tes sujets ?
J’écris au gré de mes humeurs. Parfois je
rebondis sur l’actualité, ou sur ce qu’un lecteur m’a écrit dans un commentaire
ou dans un mail, ou sur ce qu’un ami m’a raconté...
As-tu
des « sujets d’études » favoris, et si oui, lesquels ?
Oui,
les Berlinois, qu’ils soient du cru ou d’adoption. J’adore les observer, les
« croquer ». J’adore les stéréotypes. J’aime le cliché et le kitsch
et Berlin en est pleine !
Quels
sont tes projets pour le blog (nouvelles rubriques…) ?
Mon
projet ? Ecrire plus ! Je n’ai pas beaucoup de temps, la vie de
free-lance est trépidante, en dépit de ce que la majorité des gens persistent à
croire. Mais c’est mon seul projet : je veux continuer à improviser.
La
série « questions inutiles »
(mais la plus marrante !)
(mais la plus marrante !)
Ton
quartier berlinois favori ?
Tout le quartier autour du Landwehrkanal, au
printemps, dans Kreuzberg.
Ton
plat allemand préféré ?
Les spätzle avec du speck.
Ton
groupe allemand préféré ?
Malaria (un groupe punk new wave des années 80)
Ton
animal allemand préféré ?
Fuzzy, le chat cinglé de mon ex-copain taré.
Ton
nightclub préféré ?
Ce que je préfère, ce sont les clubs de jazz qui
dégénèrent en boîte sale après la jam session. Sinon j’aime bien le Wilde
Renate, même avec les touristes gnangnans.
Un
conseil pour apprendre l’allemand (tout en restant sain d’esprit) ?
Quel
est l’intérêt d’aller à Berlin si c’est pour rester sain d’esprit ? Boire
et faire l’amour, ce sont les méthodes qui marchent à mon avis mais certes, ça
ne répond pas à ta question.
Un
conseil drague auprès du berlinois ?
Sois
Française jusqu’au moment d’attaquer. Mets une jupe et des talons de Parisienne,
ça leur fait bizarre - tant de féminité les déstabilise. Mais après, attaque au
lieu de reculer, sinon le Berlinois n’ira pas te chercher et tu finiras seule
avec ta bière.
Un
conseil pour passer l’hiver ?
Travailler.
Y’en
a pas marre de tous ces Vegans ??? (blague)
Moi,
j’aime le tofu, surtout le soyeux
Ton
expression ou mot allemands préférés ?
« Eichhörnchen »
(écureuil) et surtout « Streichhölzerschächtelchen » (« petite
boîte d’allumettes »), vas-y essaie de les dire !
Sinon,
j’aime bien les expressions démodées et un peu beaufs du style « Alles
klärchen ! » et « Tchüssi ! ».
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j'adore cette fille!
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