Vous étiez perplexe. Voir pas du tout – mais alors pas du tout – convaincue. Vous le trouviez déplacé, bizarre, légèrement vulgaire. Pas un hermétisme absolu, non, mais une sorte de mécompréhension teintée de méfiance. Vous l’observiez de loin, la moue douteuse, dans les rayons d’H&M qu’il ré-envahit lentement mais sûrement depuis à peu près 5 ans. Telle l’héroïne d’un Sergio Leone, vous lui tourniez autour, l’œil soupçonneux, la main nerveuse prête à dégainer votre colt imaginaire et un harmonica invisible annonciateur de catastrophes au bord des lèvres. Si vous avez fait un tour en Angleterre, où il trône sur les guiboles britanniques en maître absolu, vous y avez résisté, particulièrement à cause de la manière étonnante qu’a la gente féminine anglaise, toujours à la pointe du bon goût quand il s’agit de tenue vestimentaire (et dans bien d’autres domaines d’ailleurs, mais c’est une autre histoire), de le porter. Mais à Berlin, vous n’y échapperez pas. Et vous ne pourrez qu’acquiescer bêtement devant la glace d’une cabine de Primark en vous remémorant la sentence prophétique d’une de vos meilleures potes, annoncée lors d’un moment d’extase mystique grandement alimenté par la boisson : « tu verras bébé, le legging, c’est le pantalon du futur ».
Pourtant répétons-le, vous étiez
TRES loin d’être convaincue. Comme énoncé précédemment, son port n’est pas des plus
évidents, et vous vous souvenez du frisson d’effroi qui vous avait parcourue à
la vue, par exemple, d’une minette dodue en t-shirt court, legging rose et
pompes ouvertes à talon paillette (aah Angleterre, tu nous feras toujours
rêver). Bref, vous savez que le legging est un vêtement extrêmement périlleux.
De plus, il a tendance à fortement vous remémorer vos folles escapades en
caleçon, quand vous aviez huit ans; d’ailleurs quand vous y repensez, vous vous
étonnez que personne n’ait encore fait le lien entre pédophilie et legging. Ajoutons à cette réjouissante panoplie l'agréable impression d’être cul nu… Bref, le combat n’était pas gagné. Et puis
vous avez débarqué à Berlin.
Tout d’abord, votre propre
constitution de feignasse chez qui la sophistication vestimentaire, si antinomique
de confortable, trouve de très grandes limites, plus votre mauvaise habitude made in England de sortir en pyjama vous ont finalement amenée sur la pente stylistique savonneuse conduisant au
legging. Et puis vous avez posé vos valises à Berlin, où la coolatitude (ou le
manque absolu de classe) est maître mot, et où on se pelle le cul au point de
n’avoir d’yeux que pour le pratico-pratique ; vos talons, au placard depuis votre arrivée, peuvent en témoigner. Sauf que vous êtes encore assez française pour catégoriquement refuser que chacune de vos sorties se résume à devoir
choisir entre ressembler à un esquimau ou à un cosmonaute. Et c’est lors d’un
de vos errements désespérés dans les rayons de n’importe quel magasin de
prêt-à-porter que la solution s’est imposée à vous avec la force d’une
révélation. Il est chaud, il est beau, il existe en 3500 coloris. Avec un peu
d’imagination, il peut s’avérer carrément stylé, soulignant votre féminité au
point de vous permettre de porter votre pull de grand-mère préféré mais pas
sexy pour deux sous. Il révèle vos courbes de manière délicieusement scandaleuse. Et
il existe en polaire. Tout est dit : le legging va changer votre vie. Grâce
à ce dernier, vos petites gambettes seront prêtes à affronter des températures sibériennes
sans pour autant devoir succomber à la tendance chewbacca. En plus, il n’est
pas cher. Bref, l’essayer, c’est l’adopter.
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legging fashion êtes encore assez française pour catégoriquement refuser que chacune de vos sorties se résume à devoir choisir entre ressembler à un esquimau ou à un cosmonaute.
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