mercredi 16 avril 2014

Club libertin à Berlin, mode d’emploi

L’autre soir on se rencontre pour un verre avec les autres Frenchies et, au bout de 5 minutes, comme il est coutumier entre français(es), ZE sujet de conversation arrive sur le tapis : le cul. Bah oui, après quelques mois – années – à Berlin, où chaque tentative de parler – en toute délicatesse pourtant – de masturbation féminine avec vos amis germains s’est soldée, dans le meilleur des cas, par un gloussement gêné de votre interlocuteur(trice), des paupières modestement baissées et un changement de conversation, et, dans le pire, par un regard scandalisé de votre « significant other », regard qui exprimait de la façon la plus éloquente votre prochain bannissement de toute les réunions stammtische de la capitale (voire votre mort imminente si vous ne vous décidiez pas à fermer votre Maul), lâcher un peu la pression entre filles sans passer pour des prostiputes internationales est une question de survie. Nous en étions donc là de nos pensées philosophiques sur les vertus de la branlette espagnole – « avec ou sans faciale ? » « ah nan, ça pique les yeux » « oui mais il paraît que le sperme c’est bon pour la peau » « bon » (l’argument beauté, ça prend toujours, et puis c’est bien connu, il faut souffrir pour être belle) – quand l’évidence s’est à nous imposée : die Frenchies se devait de faire un sujet sexo. Non, ce n’est pas sale, comme dirait le Doc de nos 15 ans. Comme par hasard, j’ai écopé du sujet (notez que je l’avais un peu cherché, hein).

Berlin est autant connue pour la variété de ses clubs olé olé que pour la qualité de ses Currywurst (c’est dire). Des toilettes du Suicide Circus – dont vous avez autant de chance, après 20 minutes d’attente, de voir sortir une jeune femme réajustant sa ceinture, le sourire béat de celle qui a la vessie enfin soulagée après 4 litres d’Effi aux lèvres, qu’un couple gloussant d’un air mi-réjoui mi-honteux – en passant par les backrooms du Berghain, jusqu’aux clubs à « explicite content » - libertins, échangistes, fétichistes – et sans oublier les très didactiques cours de bondage : il y en a pour tous les goûts. Ceux et celles qui n’ont pas froid aux yeux (ni ailleurs) s’en donneront à cœur joie.
Loin de moi l’idée de vous faire un guide touristique des nuits hot de Berlin – quoique, si vous insistez, hein… -, d’ailleurs je ne les ai pas tous visités et d’autres s’en sont chargé. Je vous invite à aller consulter bear-rikers-berlin ou encore this reporter ; et si votre anglais laisse à désirer, google translate est votre BFF. Non, l’idée est plutôt de vous inviter, vous, les MEUFS, à oser oser Joséphine. Berlin est LA ville qu’il vous faut pour ça, et puis, avouez-le : si vous avez quitté la maison de papa-maman à Saint-Quentin-en-Yvelines pour venir poser vos fesses à Berlin, c’est aussi pour les décoincer (les fesses, pas papa-maman). Vous êtes là pour la fête, les expériences qui vont changer votre vie, ne pas vous encroûter prématurément, und so weiter, und sofort. Si vous  êtes donc opé pour aller tenter un truc un peu hors des sentiers battus, sachez que vous êtes au bon endroit et que tout un tas de pratiques sympathiques vous tendent leurs bras (et toutes sortes d’autres extrémités chaudes, douces et/ou humides que la décence m’empêche de nommer ici). Et non, vous n’en serez pas traumatisée ou dégoûtée à vie, pour peu que vous vous y preniez bien. Mode d’emploi.

La première étape, si vous êtes du genre serre-tête/barrettes/socquettes, c’est de vous convaincre que tous ces lieux sympathiques ne sont pas l’apanage des hommes. Que celle qui n’a jamais jeté un œil à un petit film de cul – quoi, même pas le film érotique du samedi soir sur M6 ?! – me jette la première pierre. Avouez-le : la lecture de « 50 shades », ce nanar érotico-shocking pour mamie en mal de b… tendresse vous a émoustillée. Vous avez frémi de concert avec l’héroïne lors de sa première fessée (mais si, vous savez, celle qui atterrit juste au bon endroit et hmmm… Bref. Ne me lancez pas sur la fessée). On a toutes un chti-mimi côté exhib ou voyeur, des fantasmes inavouables d’être caressée en public, des pensée impures à l’idée d’être attachée aux barreaux du lit. Et c’est OK. Personne ne vous juge les filles, votre famille habite à 1000 kilomètres, vos amis n’en sauront jamais rien, et puis merde, YOLO quoi. Ca vous fascine un peu, vous voulez savoir « comment ça fait, juste pour voir », alors bon, vous êtes grande, allez-y. C’est bien connu : good girls go to heaven, bad girls go to Berlin. Go baby, go go.
 
Deuxième étape : ne mettez pas la barre trop haut. A la lecture de ces quelques lignes, vous êtes peut-être déjà en train d’envisager tous les pétages de plomb les plus extrêmes, puis tant qu’à oser, allons-y gaillardement. Mouais. Les fantasmes c’est bien, mais tous ne sont pas faits pour être assouvis. Si votre rêve est d’être suspendue au plafond par des cordes tandis qu’une nuée d’hommes s’activent, tel un essaim de petites abeilles, à vous butiner le pot de miel, un minimum de circonspection s’impose. Dites-vous quand même que bon, être suspendue ce n’est pas forcément confortable ; les cordes vous rentrent dans le gras des cuisses en plus, et vous ressemblez probablement plus à une rosette de Lyon qu’à l’héroïne d’un hentai (NDLR : dessins animés érotiques japonais) – d’ailleurs comment elles s’y prennent, ces greluches de manga, à n’avoir jamais un poil de cellulite, ça, même Walt Disney doit se poser la question dans sa tombe de Glendale, CA. Il y a donc de fortes chances pour qu’au lieu de profiter de l’expérience, vous passiez votre temps à vous demander si les 3 kilos qui vous restent en trop suite aux craquages culinaires de noël dernier se voient beaucoup, et qu’en prime votre esprit, au lieu de voguer librement sur les mers chaudes et sensuelles de votre désir, s’attarde sur des détails plus ou moins importants qui vous déconcentreront à coup sûr – trois hommes, ce n’est pas un peu beaucoup d’un coup ? Est-ce que votre mascara est en train de couler alors que vous êtes sous les feux de la rampe ? Votre cicatrice de vélo sur la fesse gauche, ça se voit ou pas ? Etc. Donc, mijotez-vous une petite soirée cosy et accessible, et ne tentez pas de vous transformer en star du X dès votre première sortie coquine.

Troisième étape : trouvez le bon partenaire, et briefez-le. Evidemment, c’est plus facile à dire qu’à faire (vous avez vu comment j’ai tenté de vous passer ça mine de rien en mode « troisième étape, EA-SY, check. » Ahah.) Le bon partenaire, c’est simple : c’est celui à qui vous faites confiance. Celui qui va pas vous pousser à faire des trucs que vous voulez pas faire, qui va pas se prendre pour Rocco Siffredi sous prétexte qu’il va mettre les pieds dans un club libertin pour la première fois de sa laïfe, et qui donc ne va pas se sentir obligé de tester toutes les positions du kamasutra sur le sofa central du Kit Kat Club. Celui qui se préoccupe d’abord de vous, de votre plaisir et de votre confort. C’est un peu LA condition sine qua none pour que votre excursion on the Wild Side ne se transforme pas en wild drama qui vous ferait dire non à la batifole pour toujours – avouez, ce serait un peu dommage. Histoire d’enfoncer l’idée dans sa petite tête, expliquez-lui gentiment et calmement que vous apprécieriez énormément s’il essayait de suivre votre rythme, de vous demander régulièrement si vous êtes satisfaite, et si, le cas échéant (et en fonction de vos fantasmes) il expliquait à un éventuel public qu’on regarde avec les yeux, pas avec les mains. Ajoutez que ce serait mieux pour votre relation / ses chances de remettre ça ultérieurement / la sauvegarde de ses bijoux de famille. Exposez-lui tout ça bien entendu sur le ton le plus cordial et complice.
Quatrième étape : poussez la porte du club et rentrez. Ah oui, évidemment faut bien en passer par là, sinon toutes les étapes précédentes n’auront servi à rien. Je l’ai fait, plus d’une fois, et je peux vous le confesser : que ce soit pour rentrer à l’Insomnia ou bien pour pénétrer dans un sex shop, j’ai encore et toujours ce petit frisson (pas totalement désagréable) de honte. Est-ce que quelqu’un me regarde, oh mon Dieu je suis vraiment une slut finie, aïe aïe aïe qu’est-ce que je fabrique ici. Dites-vous bien que c’est en grande partie culturel, et un héritage de nos sociétés patriarcales où le plaisir féminin est traité comme une menace pour la survie de l’humanité et des mâles en particulier. Mais que se serait-il passé si Eve n’avait pas croqué la pomme au jardin d’Eden hein ? Vous pouvez m’oublier de suite tous vos rêves de cuite au Jägermeister : on serait toujours en train de se tourner les pouces au Paradis, à chanter avec les oiseaux, en faisant la poussière au plumeau sur des choré totalement laaaaaaaame. Est-ce qu’on a des têtes de Blanche-Neige ? Nan mais allô quoi. Les mecs, eux, ils n’ont pas cette retenue, à chaque fois qu’ils entrent dans un club, surtout en charmante compagnie, ce qui se passe dans leurs têtes ça ressemble plutôt à « je suis Batman, c’est Bibi qui RUUUUULE, who let the dogs out (hou, hou hou hou hou), YEAAAAAAH ». Alors levez le menton – si si si vous êtes Audrey Hepburn -, n’oubliez pas que si vous êtes là c’est parce que VOUS avez décidé, et en avant, du pas digne et décidé de Cendrillon qui va essayer sa chaussure de verre devant les autres prétendantes vertes de jalousie – passer des escarpins, se faire sauter en club, même combat ? – on y hop et pump it up. Petite astuce : avoir passé une bonne première partie de soirée avec votre Plus One, du genre qui vous met en confiance et vous fait libérer votre Inner Goddess, ça aide. Le shot de Tequila aide aussi. Attention, il s’agit d’être légèrement désinhibée, pas fin bourrée hein.
Cinquième étape : ne vous laissez pas impressionner. Quand vous rentrerez, on vous demandera peut-être d’enlever vos vêtements pour ne garder que vos soutifs / culotte. Bon, soyons honnête, ça fait un peu peur. Vous aurez bien entendu pensé à mettre votre plus bel ensemble de lingerie, celui qui ferait par comparaison ressembler la Kylie Minogue de la pub Agent Provocateur à la méchante sorcière Ursula de la Petite Sirène, ce qui devrait aider. Et surtout, dîtes-vous que les autres (notamment votre chéri, s’il est honnête) n’en mènent pas large non plus (malgré son air bravanche quand il a poussé la porte). Mon partenaire de jeu attitré, par exemple, a beau avoir un cul fantastique et pas des masses de limites quand il s’agit de réaliser ses fantasmes, mettez-le en caleçon devant tout le monde et il fera moins son malin. Même si les autres se la racontent « casual », en mode « oh oui, je fais ça tous les jeudi soirs, après Germany’s Next Topmodel », en vrai, tout le monde a des papillons dans l’estomac et essaie de rentrer son bidon pour faire passer son bourrelet ventral pour du muscle pectoral. Alors n’ayez pas honte d’avoir un peu le trac. Exhibez fièrement votre 90B dans votre soutif qui fait remonter les seins sous le menton en mode Belle Marquise, et vogue la galère. Ce genre de lieux propose en général des lumière tamisées, des sofas confortables (comme par hasard), des petits coins intimes, enfin bref, ce n’est pas si impressionnant que ça en a l’air. Et si vraiment ça vous fiche un peu les chocottes, n’hésitez pas à sortir la carte de l’humour. Parce que le sexe, c’est quand même fun. La première fois que je suis allée dans un club à Berlin, y’avait un monsieur un peu typé et d’un âge respectable (comprenez : rides et tempes grisonnantes sur peau basanée) qui avait l’air de bien m’aimer et qui nous suivait dans le club. Moi ça m’était un peu égal, mais mon partenaire ça le perturbait. Depuis, à chaque fois qu’il se sent mal à l’aise – en club ou ailleurs – il me dit « j’aime paaaaaaas, y’a le vieux monsieur Turc qui me regarde ». Ca détend l’atmosphère (et c’est trop meûûûgnon).
Sixième étape : pro-fi-tez. Il n’y a aucune pression, aucun passage obligé : vous le faites comme vous le sentez. Vous avez tout à fait le droit d’y aller en mode pépère et de vous faire un petit missionnaire en mode « j’m’en bats l’œil de vos gang bangs, moi j’ai amené mon BYO et pas touche » (NDLR : BYO=Bring Your Own. Vous consommez ce que vous avez ramené). C’est un peu comme faire l’amour sur la table de la cuisine histoire de changer du lit, mais vous avez level up. Well done. Si vous voulez juste faire un tour, boire un verre et regarder, c’est aussi OK. Et personne ne viendra vous importuner à moins que vous ne leur en ayez donné l’autorisation, donc pas de panique de ce côté non plus.
 
Voilà les damoizelles. A défaut de vous avoir donné l’envie de demander votre carte de membre au Dark Side ou de fonder le Biatch Club de Berlin, j’espère vous avoir amenée à vous dire « un jour, avec le bon mec, pourquoi pas… » Explorer les différentes facettes de votre sensualité, il y a fort à parier que vous ne le regrettiez pas. Et puis, parmi tous les excès dans lesquels vous risquez de tomber à Berlin, celui-là n’est pas le pire. Comme dirait l’ancêtre, « la cigarette tue, la pipe détend ». Un sujet pour un prochain article ?
PS. (paske oui, on a le droit aux PS dans les articles de blog) : on n’insistera jamais trop sur la nécessité que tout ceci se déroule dans une ambiance détendue et complice, où l’on se sent parfaitement en sécurité. Je fais donc une dédicace spéciales à mon casse-pieds préféré, celui qui m’entraîne, m’escorte et me protège dans tous ces lieux hot et underground de la capitale. Si tu me lis, je t’embrasse langoureusement sur les deux oreilles.

by Miss Zoé

2 commentaires:

  1. bravo, un régal,
    juste une petite note les mecs aussi ont la pétoche en club, faut pas croire... il n'y a pas de que des batmen !

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  2. excellent, je suis à berlin pour 4 jours en mai septimeseptATy

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